Sciences sociales / Société
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Jeremiah Johnson ; le mangeur de foie
Robert Bunker, Raymond W. Thorp
- Anacharsis
- Griffe Famagouste
- 22 Août 2019
- 9791092011838
Jeremiah Johnson (ou John Garrisson, en fait peu importe) arriva dans les montagnes Rocheuses au milieu du XIXe sie`cle pour s'y faire trappeur.
Mais l'assassinat de son e´pouse indienne le conduisit a` mener une sanglante vendetta contre la tribu des Crows. Me´chant, il mangeait cru le foie de ses ennemis.
Ce livre rapporte sa le´gende.
Bourre´ d'outrances, horrifiant, traverse´ par un humour sardonique et servi par un style alerte, Jeremiah Johnson le Mangeur de Foie, petit chef-d'oeuvre de la litte´rature folklorique ame´ricaine, adapte´ au cine´ma par Sydney Pollack avec Robert Redford dans le ro^le-titre, est aux antipodes du Nature Writing classique : c'est une ode a` la sauvagerie brute.
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Une plongée dans le monde des marges, à la suite d'un voleur en exercice ; un document exceptionnel, une anthropologie réflexive et morale qui donne à comprendre - sans juger.
Youchka est un voleur. Il oeuvre à Bordeaux et vit de ses activités prédatrices, le cambriolage, le vol de voitures, la vente de « l'or de casse », au Cambodge ou ailleurs. Il n'a jamais été pris.
Myriam Congoste est parvenue à le rencontrer puis à l'accompagner dans l'ordinaire de sa vie en marge de notre monde. Elle s'est immergée dans le milieu réprouvé des délinquants de profession, sans jamais faire abstraction de ses doutes, de ses transports, de ses enthousiasmes et de ses erreurs.
La relation ethnographique devient ici un apprentissage de la transgression et de ses tourments, une confrontation entre l'ordre moral toujours à rétablir et l'exercice d'une liberté et d'une vengeance sociale radicales toujours illicites. Naviguant entre les écueils de l'imagerie gangstériste et ceux de la réprobation vertueuse, entre fascination et répulsion, Myriam Congoste restitue dans ce livre dérangeant toute son épaisseur vibrante et contradictoire à une parole d'habitude vouée au silence.
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Vies et morts d'un Crétois lépreux
Epaminondas Remoundakis
- Anacharsis
- 16 Novembre 2015
- 9791092011272
En 1904, les Ottomans ont quitté la Crète depuis 6 ans, mais elle n'est pas encore rattachée à la Grèce. Régentée par Georges de Grèce, elle est sous la férule anglaise. Le 13 octobre, soixante lépreux arrivent à Spinalonga, un îlot au nord des côtes crétoises.
C'est le début d'un internement systématique des malades qui, jusqu'alors, vivaient aux abords des villes, mais en relation étroite avec les populations. Cela durera jusqu'en 1956.
Au début des années 1970, Maurice Born (sociologue) co-réalise avec Jean-Daniel Pollet L'Ordre, un film sur la léproserie de Spinalonga. C'est là qu'il rencontre Epaminondas Remoundakis, un des lépreux réscapés, et lui demande de témoigner de son expérience.
Gravement atteint par la maladie, c'est grâce à un magnétophone que, pendant des dizaines d'heures, Epaminondas va, en continu, enregistrer son histoire. Ce sont ces bandes, retranscrites en grec et relues avec Epaminondas, puis traduites en français, qui sont proposées ici. Elles composent un témoignage et objet littéraire de premier ordre.
Servi par une mémoire sans faille et un immense talent de conteur, pétri des histoires et des mythes de son île mais aussi, alors qu'il dissimule son mal aux yeux de tous, des connaissances acquises sur les bancs du lycée et de la faculté, Epaminondas fait le récit de la totalité de sa vie. Il nous conte sa jeunesse heureuse et buissonnière, sa vie d'étudiant à Athènes, son arrestation puis son existence sur l'île et ses combats contre l'injustice et l'arbitraire de l'État.
Il refuse ainsi que ce récit n'existe que par la part trouble suscitée par son mal, revendiquant par là l'existence pleine d'un homme normal.
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Anthropologie de l'ordinaire ; une conversion du regard
Eric Chauvier
- Anacharsis
- 23 Février 2011
- 9782914777735
Éric Chauvier se démarque radicalement des canons académiques de l'anthropologie. A l'opposé de la fabrication d'un monde-objet déconnecté des aspérités du réel, s'appuyant sur Wittgenstein et Merleau-Ponty, il recentre dans cet essai vivifiant l'ambition anthropologique autour de l'écoute et de la transmission de l'ordinaire éprouvé sur le terrain. En orientant le regard vers les ruptures de familiarité qui surgissent lors des rencontres avec des interlocuteurs débarrassés de leur masque d'" informateurs " ; en concentrant toute l'attention sur les jeux de langage à l'oeuvre dans ces moments spécifiques ; en revendiquant un " appariement des consciences " entre narrateur et lecteurs par l'écriture même de l'enquête, il pose les attendus épistémologiques et immédiatement politiques de la pratique anthropologique. Avec ce livre, conçu comme un arrière-plan théorique de toute sa démarche narrative - et, plus largement, des sciences humaines -, il établit la nécessité de resituer l'anthropologie au coeur de l'espace public.