Syllepse
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Apprendre ensemble : Une pédagogie de l'espoir
Bell Hooks
- Syllepse
- Questions Feministes
- 21 Novembre 2024
- 9791039902540
La pédagogie de l'émancipation défendue dans cet ouvrage insiste non seulement sur l'importance du féminisme dans les salles de cours mais aussi sur la nécessité d'articuler la théorie et la pratique dans la lutte féministe afro-américaine.
bell hooks nous rappelle qu'il existe un important corpus de textes qui nous aident à mieux comprendre comment les différents systèmes de domination fonctionnent à la fois de manière indépendante et interdépendante, pour perpétuer et soutenir l'exploitation et l'oppression.
En s'appropriant ce point de vue, de nombreuses personnes ont changé significativement leur mode de pensée pour transformer leur vie : les Blancs ont travaillé à devenir antiracistes, les hommes à remettre en question le sexisme et le patriarcat et les hétérosexistes à réellement défendre la liberté sexuelle.
De fait, de nombreuses étapes, parfois imperceptibles, ont marqué ces évolutions. Afin de les valoriser, il faut les nommer tout en continuant à les critiquer rigoureusement. Ces deux choses, nommer le problème et l'articuler pleinement et profondément aux pratiques pour aborder et trouver des solutions, sont nécessaires pour générer et inspirer un esprit de résistance permanent.
Au travers de seize leçons, bell hooks présente l'éducation progressiste comme une pratique de la liberté qui permet de faire face au sentiment de perte de sens et de restaurer les relations entre les individus et entre les groupes.
En définitive, c'est ce qui peut conduire à apprendre à créer du commun, apprendre ensemble.
Elle nous invite, en nous livrant les outils pour le faire, à mettre en oeuvre une sagesse pratique visant à concevoir la salle de cours comme un lieu thérapeutique et révélateur, un lieu de libération mutuelle où l'enseignant et l'étudiant travaillent en partenariat.
Pointer l'inégalité, en se passant d'envisager un objectif constructif de résolution, empêche l'espoir et la création d'une société fondée sur la justice.
Ce qui ne peut que contribuer à maintenir une culture de domination. -
Une lecture féministe de la dette : Violence économique et désobéissance financière
Luci Cavallero, Verónica Gago
- Syllepse
- Questions Féministes
- 6 Mars 2025
- 9791039902762
Des thèmes et des terrains d'intervention ont été défrichés en Argentine, et plus largement en Amérique Latine, qui ont irrigué les mouvements féministes à l'échelle mondiale. En témoigne ce livre de deux intellectuelles militantes proposant une lecture féministe de la question financière, et plus précisément de la dette, de l'échelle mondiale à l'espace domestique.
Ce texte, utilisé comme outil de formation et de débat par des syndicats, des assemblées féministes et des organisations de quartier, avance des pistes méthodologiques et relate des expériences concrètes de lutte, avec, par exemple, les grèves féministes internationales qui ont pris sur le continent un caractère de masse.
Il s'agit ici de « sortir la dette de son placard » , et donc de son abstraction, de lui donner corps, de montrer la violence qu'exerce le système financier, particulièrement sur les femmes, et de la relier aux violences machistes. Les autrices ont rassemblé des témoignages de femmes confrontées à la précarité et à l'endettement ainsi que de leurs modes d'auto-organisation et de résistance.
Le texte met en évidence les conséquences des politiques néolibérales sur les services publics, avec en corollaire une explosion de l'endettement privé, domestique, pour assurer la satisfaction de besoins vitaux. Il permet enfin d'analyser comment le système de la dette s'articule avec les nouvelles formes d'exploitation du travail. -
Violences envers les femmes en Europe : Genre, ethnicité, racisme
Collectif
- Syllepse
- Intersections
- 5 Juin 2025
- 9791039902830
Après Comprendre le racisme quotidien de Philomena Essed, ce second opus de la collection «?intersection·S?» apporte un éclairage sur les stéréotypes ethnoraciaux qui sont mobilisés ans le champ politique et médiatique lorsqu'ils évoquent aussi bien les victimes des violences que leurs auteurs. La «?racialisation du sexisme?» semble être installée, s'imbriquant à un mépris de classe teinté de racisme.
«?La recherche a donc un rôle important à jouer pour éclairer ces débats et informer les politiques?», écrit l'une des coordinatrices de l'ouvrage.
Les 43 autrices et les 25 contributions du recueil couvrent huit pays européens où des questionnements autour du lien supposé entre les violences et l'«?ethnicité?» ont donné lieu à une production scientifique s'attaquant aux représentations stigmatisantes et à l'instrumentalisation politique.
L'ambition de ce recueil a été de rassembler ces écrits qui offrent autant d'éclairages et de perspectives pour aboutir à une démonstration puissante et d'une grande richesse factuelle et analytique.
D'abord publiée en anglais, cette adaptation en français est augmentée d'un avant-propos, de textes introductifs aux différentes parties et d'une postface de Maryse Jaspard (coordonnatrice de l'Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France pilotée par l'Institut de démographie-Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne). -
Apprendre à transgresser ; l'éducation comme pratique de la liberté
Bell Hooks
- Syllepse
- Nouvelles Questions Féministes
- 3 Octobre 2019
- 9782849507506
Si bell hooks est connue pour son engagement féministe, l'articulation de cet engagement avec les pratiques dans le domaine de l'édu- cation et de la pédagogie a été peu débattue en Europe.
Ce livre est un recueil d'essais sur la péda- gogie de l'émancipation qui aborde non seulement l'importance du féminisme dans les salles de classe mais aussi l'articulation de la théorie et de la pratique dans la lutte fémi- niste afro-américaine.
Hooks y parle de solidarité et d'économie politique, et de la façon dont la pédagogie des opprimés à laquelle elle a été formée par Paulo Freire peut s'appliquer à l'émancipation des Afro-américaines. Des cas particuliers y sont décrits pour souligner l'importance de l'enseignant·e dans la pratique de la liberté.
La traduction de cet ouvrage présente un intérêt bien au-delà du monde uni- versitaire francophone. bell hooks est une enseignante-chercheuse mais son travail trouve une résonance tant dans la théorie que dans les pratiques politiques. Ainsi, Apprendre à transgresser parlera aux lecteurs·rices intéressées par le féminisme, par les pratiques éducatives et par les stratégies antiracistes. C'est d'ailleurs ce qui la distingue de beaucoup d'ouvrages féministes publiés en français : le déploiement de la théorie en pratique de l'enseignement et la transformation de la salle de classe en lieu d'émancipation.
Les pratiques éducatives françaises et la sin- gularité des élèves dans le contexte scolaire ont été débattues en France ces deux der- nières années, et ce livre apporte un regard différent en décrivant des stratégies d'ensei- gnement dans un monde multiculturel.
Par ailleurs, l'intérêt du public pour l'inter- sectionnalité et le féminisme antiraciste s'est développé en France. Le modèle universa- liste français étant réinterrogé et la question de l'identité plus que jamais d'actualité, l'ouvrage de hooks constitue une contribu- tion importante au débat, que ce soit dans le champ disciplinaire des sciences humaines et politiques et dans le milieu associatif fémi- niste, LGBT et antiraciste.
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Si une femme veut avorter, ne la laisse pas seule ! Du MLAC au Centre IVG de Colombes
Martine Lalande, Catherine Soulat
- Syllepse
- Questions Féministes
- 5 Décembre 2024
- 9791039902441
Le centre IVG de Colombes a ouvert en 1975 juste après le vote de la loi, grâce au MLAC de Gennevilliers. Des soignant·es et des femmes qui ont participé à sa création racontent cette histoire,
la lutte pour la loi, les avortements faits par le MLAC puis l'ouverture du centre IVG.
Cinquante ans ont passé, le centre IVG a évolué, que reste-t-il de l'héritage du MLAC ? Les équipes de soignant·es ont changé, les locaux se sont agrandis, il y a eu des aléas dans la vie de ce lieu, et des expériences novatrices.
Les plus anciennes témoignent de ce qu'elles ont voulu transmettre, les plus jeunes de ce qu'elles reconnaissent comme « esprit militant » dans ce centre.
Pour l'avortement comme pour la contraception, les femmes décident. Le pouvoir médical doit s'effacer pour laisser place à la recherche des meilleures conditions d'accueil et de réalisation de ce droit acquis par la lutte. Les différentes personnes -
Au travail, et dans la joie s'il vous plaît, sous l'emprise des technologies de communication et surveillance, il faut désormais être à disposition de l'employeur 24?heures sur 24, sept jours sur sept et même lors de ses congés. A contrario de cette réalité, s'enchaînent les discours patronaux et étatiques présentant la vie quotidienne comme de moins en moins contrainte par le temps de travail.
Loin de cette arnaque, ce livre explore comment, depuis 1968, s'est déployé un processus d'intrusion du travail capitalistique dans notre quotidien. Associé aux pratiques managériales, qui font de l'urgence la norme dans l'organisation du travail, le travail totalitaire engloutit la moindre parcelle de liberté de notre temps quotidien. Il s'accapare notre intimité jusque dans l'offre et la consommation de loisirs planifiés et minutés. Il fait de nous des «?esclaves modernes?».
Le Travail totalitaire explique en quoi la bataille pour l'émancipation ne peut plus se satisfaire de la seule réduction quotidienne du temps de travail. Une critique radicale de la vie quotidienne devient ainsi la condition indispensable pour qu'advienne une société démocratique. -
Petite histoire politique des banlieues populaires
Hacène Belmessous
- Syllepse
- Arguments Et Mouvements
- 31 Mars 2022
- 9791039900218
L'histoire récente des banlieues populaires demeure un terrain en grande partie délaissé et inexploré. Pourtant, ces lieux concentrent depuis plusieurs décennies tous les débats, toutes les polémiques, toutes les fractures qui témoignent d'une société française qui ne sait pas comment aborder ces quartiers de relégation où dominent la pauvreté et la ségrégation. Évoquer ces quartiers, c'est convoquer toute la série de fantasmes qui servent de support aux pratiques discriminatoires quotidiennes : ils formeraient la dernière étape avant le « grand remplacement », des « zones de non-droit » qui mettraient l'ordre républicain à feu et à sang... Revenir sur l'histoire politique de ces quartiers, de ces villes, de ces banlieues c'est constater que le droit commun n'y a jamais été instauré malgré les promesses d'égalité républicaine par les promoteurs de la politique de la Ville. C'est aboutir à ce constat implacable: la République, dans les banlieues populaires, c'est pour leurs habitants quarante années d'humiliations sociales.
Cet ouvrage s'efforce de décrire et analyser ce qui s'y est joué durant cette période en abordant avec profondeur et de façon incisive une série de questions : la police, le logement social, l'islam, la politique de la Ville, les politiques conduites dans ces quartiers par les partis politiques aux affaires (de droite comme de gauche), etc. Pour cela, l'auteur s'est appuyé sur des archives locales de communes emblématiques (La Courneuve (93), Mantes-la-Jolie (78), Vaulx-en-Velin (69), Vénissieux (69), Montfermeil (93)...), des documents étonnamment souvent jamais consultés, et sur des entretiens avec des personnages historiques de l'histoire urbaine récente.
Cette histoire politique des banlieues livre finalement en creux ce qu'elles ont toujours incarné : les démons des mauvaises consciences françaises.
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L'ennemi principal Tome 2 ; penser le genre
Christine Delphy
- Syllepse
- Nouvelles Questions Feministes
- 26 Septembre 2013
- 9782849503959
- « Les femmes n'ont pas tort du tout quand elles refusent les règles de vie qui sont introduites au monde, d'autant que ce sont les hommes qui les ont faites sans elles », Montaigne - « Je n'ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c'est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec un paillasson », Rebecca West « J'étudie l'oppression des femmes. Mais l'oppression des femmes est spécifique non pas parce que les femmes seraient spécifiques, mais parce que c'est un type d'oppression unique. »
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Les femmes noires en France doivent être sauvées de leur famille, de leur communauté (pères, frères, cousins). Ce sauvetage est proposé gracieusement par l'État au travers de l'école républicaine, appuyée par des allié·es de choix (médias, monde de la culture, associations, intellectuel·les).
Mwasi est un collectif de femmes qui ne veulent pas être « sauvées » par qui que ce soit et qui prend la parole. Les autrices, des femmes noires et afro-descendantes, désignent l'État français, le « féminisme » blanc dominant, le racisme d'État comme des ennemis politiques.
Ce livre est un instantané de ce qu'est le collectif Mwasi et de ce qu'il veut :
« Notre seule préoccupation est d'être à la hauteur des idées, des pratiques et de l'héritage qui sont les nôtres :
Les combats contre la négrophobie, l'impérialisme, l'hétéro-patriarcat et le capitalisme.
Nous avons choisi l'afroféminisme pour traduire politiquement nos révoltes en tant que femmes noires ;
Révoltes que nous voulons transformer en révolution pour un changement radical de système. Un système de justice sociale pour tou·tes, sans racisme, débarrassé de la domination masculine et du capitalisme.
Nous faisons le choix de la lutte collective, de l'organisation politique autonome et de la libération comme horizon.
Nous voulons que notre lutte soit comprise, reprise et interrogée par les Afro-descendant·es de France et les générations de militant·es noir·es qui nous suivront.
Que ceci soit pris comme notre contribution afroféministe à la libération noire et panafricaine. »
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La race tue deux fois ; une histoire des crimes racistes (1970-2000)
Rachida Brahim
- Syllepse
- Histoire : Enjeux Et Debats
- 14 Janvier 2021
- 9782849508442
«De telles listes sont dressées depuis les années 1970. Compilées par plusieurs générations de militants, elles sont enfouies dans les caves des archives associatives et présentent toutes le même format, à la fois sec et funeste. On y trouve la date du crime, le nom de la victime, suivis d'une ou deux phrases laconiques. Elles frappent par leur rudesse, leur longueur et leur nombre. Poser une liste conduit inexorablement à en trouver une autre quelques jours plus tard. Ces listes expriment l'idée d'une injustice. Elles dénoncent le racisme et l'impunité du racisme. Elles pointent du doigt les crimes, mais également la grande majorité des procès qui ont fini par des peines légères avec sursis ou des acquittements, quand ce n'est pas un non-lieu qui est venu clore l'affaire.
Elles disent en substance que la racialisation, autrement dit le fait de placer des personnes dans une catégorie raciale afin d'asseoir un rapport de pouvoir et d'en tirer profit, tue deux fois. La première violence touche à l'intégrité physique de la personne. La seconde violence a lieu à l'échelle institutionnelle. Elle est une conséquence du traitement pénal qui ignore la nature raciste des crimes jugés.» De la grande vague de violence de 1973 dans le sud de la France aux crimes policiers des années 1990 en passant par les crimes racistes jalonnant les années 1980, cet ouvrage, issu d'une base de données de plus de 700 cas, nous invite à prendre la mesure de cette histoire à l'heure où le racisme institutionnel et l'action de la police continuent chaque année à être à l'origine de nombreux morts.
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Souvenez-vous, résistez, ne cédez pas
Andrea Dworkin
- Syllepse
- Nouvelles Questions Féministes
- 4 Janvier 2018
- 9782849506011
Une extraordinaire écrivaine féministe. Des textes poignants, la colère face aux meurtres, aux viols, à la pornographie, à l'anéantissement des femmes dans la sexualité masculine.
La première partie est composée de deux textes à orientation biographique. Dans la seconde, l'auteure aborde, entre autres, le travail de l'écriture, New York, le féminisme radical, Kate Millett, la pornographie, la misogynie, la critique du déterminisme biologique, le judaïsme, le pouvoir des hommes, le viol, la fétichi- sation des corps, les actes et la violence sexuelle, la colère de la survivante... La troisième partie de l'ou- vrage est consacrée à la « fierté lesbienne », à la nuit et aux dangers, aux actions « Reprendre la nuit », au racisme et au masculinisme, aux assassinats de femmes comme politique sexuelle, à la résistance face à la ter- reur et la torture, à la prostitution...
Les livres d'Andrea Dworkin, dont ce recueil offre une palette, restent d'actualité en ces temps de remise en cause des droits des femmes au nom de « tradi- tions » ou du fantasme de l'égalité-déjà-là : « Souve- nez-vous-en, mes soeurs, durant les temps obscurs qui s'annoncent. » Son style, très novateur, mêle la radicalité des ana- lyses féministes et la beauté de la langue : « J'ai utilisé l'écriture pour emmener le langage là où était la souf- france des femmes - et leur peur - et j'ai continué mes fouilles à la recherche de mots capables de porter le fardeau de dire l'indicible ».
L'intransigeance face aux violences contre les femmes et l'onde puissante des mots. Il ne s'agit donc ici ni d'analyses universitaires ni d'indignations désin- carnées, mais bien d'une voix littéraire, nouvelle et forte, qui bouleverse notre compréhension de la do- mination masculine.
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Au nom des femmes : "fémonationalisme", les instrumentalisations racistes du féminisme
Sara r. Farris
- Syllepse
- Nouvelles Questions Feministes
- 2 Décembre 2021
- 9782849509630
Alors qu'en France, une série de dispositions racistes et islamophobes ont été adoptées au nom de l'émancipation des femmes et de la lutte contre le «séparatisme», la traduction de ce livre pionnier vient à point nommé.
Sara R. Farris explore l'émergence de discours et de revendications concernant les droits des femmes émanant d'un ensemble improbable de partis politiques nationalistes de droite, de néolibéraux·ales et de théoricien·nes et responsables politiques féministes en France, en Italie et aux Pays-Bas. Pour décrire cette exploitation et cette assimilation de thématiques féministes dans leurs campagnes islamophobes et xénophobes, l'autrice a forgé le terme «fémonationalisme».
Sara R. Farris démontre qu'en qualifiant les hommes musulmans de dangereux pour les sociétés occidentales et d'oppresseurs à l'égard des femmes tout en insistant sur la nécessité qu'il y aurait à sauver les femmes musulmanes et immigrées, ces groupes et ces politiques d'État se servent de l'égalité de genre pour justifier leur rhétorique et leurs politiques racistes.
Cette pratique a, selon elle, également un rôle économique. L'autrice analyse comment les politiques néolibérales d'intégration et ces groupes féministes canalisent les femmes musulmanes et immigrées non-occidentales vers les industries ségrégatives du soin à autrui et des services domestiques tout en affirmant promouvoir leur émancipation.
Au nom des femmes est une vaste étude sur les liens entre le racisme et le féminisme qui décrit également comment les femmes non-occidentales sont instrumentalisées pour servir une série d'objectifs politiques et économiques.
Nourri de l'analyse minutieuse, dans ces trois pays, des programmes politiques des partis d'extrême droite ainsi que des propos tenus par d'importantes personnalités politiques et universitaires ou encore des politiques d'intégration, l'ouvrage de Sara R. Farris documente de manière fouillée l'essor actuel de cette tendance de l'extrême-droite et des États à instrumentaliser le féminisme pour motiver son discours xénophobe.
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Les utopiques n.28 : Les lieux du syndicalisme
Christian Mahieux
- Syllepse
- Les Utopiques
- 17 Avril 2025
- 9791039902793
Parler des lieux du syndicalisme peut surprendre. Le syndicalisme, c'est dans l'entreprise ! Certes. Mais comment le syndicalisme s'adapte-t-il aux situations nouvelles qui amènent de plus en plus de salarié·es à travailler à leur domicile, notamment à travers le télétravail ? Et comment faire quand les lieux de travail sont multiples, par exemple pour nombre de salarié·es à temps partiel dans les secteurs du nettoyage ou de la sécurité ? Et quand le lieu de travail est mobile, à l'exemple de ce que vivent les livreurs à vélo mais aussi les chauffeurs routiers ? Et pour les personnes retraitées ou au chômage qui, par définition, n'ont pas de lieu de travail? Des syndicalistes répondent à ces interrogations, expliquent les expériences menées pour coller aux réalités contemporaines du salariat.
Et dans les entreprises, les services, les associations, quel rapport entre le syndicalisme et le lieu de travail ? Comment les équipes syndicales de base s'approprient-elles le terrain sur lequel elles interviennent? Quelles batailles pour s'imposer dans un espace disputé aux patrons ?
Des bourses du travail du 19e siècle aux unions locales et départementales contemporaines, la revue met en exergue le fil rouge du syndicalisme interprofessionnel de proximité et de ses lieux de solidarité. Plusieurs articles évoquent les utilisations diversifiées des locaux syndicaux : permanences sur les droits du travail, pour les sans-papiers, éducation populaire.
Comme toujours, la dimension internationale est présente : des centres sociaux italiens à la récupération du patrimoine des syndicats espagnols spoliés par le régime de Franco, en passant par l'aide sociale qu'apporte le syndicalisme en Ukraine, au Brésil ou en Argentine. Le maillage territorial est aussi un enjeu pour l'extrême droite. Résolument opposé aux thèses et pratiques racistes, discriminatoires, autoritaires, antidémocratiques, le syndicalisme doit être attentif à ce point, comme le rappelle un des textes de ce numéro. -
L'exploitation domestique
Christine Delphy, Diana Leonard
- Syllepse
- Nouvelles Questions Feministes
- 16 Mai 2019
- 9782849507384
Le constat est implacable : le partage des tâches domes- tiques n'existe pas.
Il ne s'agit pas, nous disent Christine Delphy et Diana Leonard, du seul produit d'une mauvaise volonté des hommes qui profitent de ce travail gratuit, mais plus fon- damentalement d'un système d'exploitation et d'oppression qui dépasse les relations affectives que peuvent entretenir les individus concernés : le patriarcat, et dans le patriarcat, le mariage, y compris le concubinage et le pacsage.
Celui-ci s'incarne concrètement dans une exploitation domestique - qui ne s'applique pas seulement au travail dit « ménager » - dont les autrices s'attachent à dévoiler les mécanismes dans cet ouvrage où la lectrice ou le lecteur ne manqueront pas de reconnaître leurs propres moments de vie quotidienne.
Les autrices proposent ici une nouvelle approche radi- cale de la subordination des femmes dans les sociétés oc- cidentales focalisée sur la famille, en tant que système éco- nomique. Elles révèlent que celle-ci constitue en réalité un système de rapports de production dont les hommes sont les artisans - politiques, juristes et autres gouvernants - et les bénéficiaires - tous les autres. Ce sont la structure hié- rarchique et les rapports de production entre les membres de la famille qui sont ici mis à jour. Pour les autrices, la subordination des femmes constitue un cas particulier d'ex- ploitation économique qui ne réduit pas au capitalisme do- minant dans nos sociétés. Exploitation domestique et ex- ploitation capitaliste ne peuvent se confondre même si l'un et l'autre doivent être renversés.
Ouvrage de référence du féminisme matérialiste, L'Exploitation domestique est publié ici pour la première fois en français.
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Communisme queer : pour une subversion de l'hétérosexualité
Federico Zappino
- Syllepse
- Le Présent Avenir
- 12 Mai 2022
- 9791039900393
Pour Federico Zappino, bien plus qu'une orientation sexuelle, l'hétérosexualité « définit les hommes et les femmes en tant que tels, d'une manière qui ne se distingue pas de l'inégalité et de la hiérarchie ».
« Ne cherchez pas les bureaux de cette institution [l'hétérosexualité] dans un gratte-ciel du centre-ville ou dans un quelconque ministère du gouvernement ;
Son influence est à ce point omniprésente dans la société actuelle qu'on pourrait presque affirmer qu'elle est dans l'air que nous respirons » (Mariana Valverde).
La thèse défendue ici fait de la subversion de l'hétérosexualié un élément du bouleversement des fondements des inégalités de genre et de sexe, dont se nourrit le capitalisme. L'auteur fait le pari de la nécessité d'une lutte commune pour toutes celles et ceux en proie à sa domination. L'objectif de cet ouvrage n'est donc pas seulement de décortiquer les mécanismes du « mode de production hétérosexuel » : c'est une invitation à discuter les espaces de luttes communs entre les minorités de genre et de sexe, ainsi que la possibilité de nouer des alliances entre groupes sociaux avec comme horizon une société sans classes.
C'est autour de ce fil conducteur que, dans le contexte de l'essor des mouvements féministes post-#Metoo et de la pensée intersectionnelle, l'auteur propose une réflexion originale et stimulante, naviguant entre les théoriciennes queer, de Judith Butler à Monique Wittig, et les figures de la pensée marxiste telles qu'Antonio Gramsci ou Toni Negri.
Federico Zappino, dont l'ouvrage a connu un retentissement certain en Italie, alterne avec aisance et ironie réflexions philosophiques et exemples concrets.
Il s'agit de son premier livre publié en français.
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Des vies pour l'égalité : mémoires d'ouvriers immigrés
Abdellah Fraygui, Vincent Gay, Abdallah Moubine
- Syllepse
- Des Paroles En Actes
- 12 Janvier 2023
- 9791039901024
Dès les années 1950, la France fait venir massivement des ouvriers immigrés de ses colonies et bientôt de ses anciennes colonies, cette vague migratoire succédant à celles qui, depuis la fin du 19e siècle, ont constitué une composante essentielle de la classe ouvrière. L'industrie automobile a particulièrement utilisé cette main-d'oeuvre immigrée, notamment en région parisienne, ou toutes les usines ont vu affluer des travailleurs algériens d'abord, puis marocains, tunisiens, venus d'Afrique subsaharienne, de Turquie et de bien d'autres pays.
Ces travailleurs immigrés n'ont pas seulement apporté une contribution essentielle au développement industriel de la France durant les Trente Glorieuses. Ils ont également été, pour une partie d'entre eux, des militants de l'égalité, nombreux à s'engager dans des associations, à devenir syndicalistes, à animer des grèves, à représenter leurs collègues.
Abdellah Fraygui et Abdallah Moubine furent de ceux-là. Immigrés marocains arrivés en France à la fin des années 1960 et au début des années 1970, ils découvrent les usines françaises, le travail à la chaîne, la dureté des conditions de travail, la répression contre les syndicalistes, le racisme... Mais également des opportunités pour lutter, revendiquer, se battre pour sa dignité, dans les usines et dans leurs quartiers.
Des vies de luttes qu'ils livrent ici dans un récit à deux voix. -
Afrocommunautaire ; appartenir à nous-mêmes
Fania Noel-thomassaint
- Syllepse
- Arguments Et Mouvements
- 5 Septembre 2019
- 9782849507483
Dans la lignée du livre Afrofem qui entendait « traduire politiquement ses révoltes en révolution » contre le racisme d'État et le féminisme dominant, ce livre est un manifeste qui tente d'esquisser des horizons d'organisation et de libération pour la condition noire en France.
Le coeur de ce manifeste est le suivant : « Être noire et vouloir appartenir à une communauté et à un projet politique révolutionnaire de libération qui s'inscrivent dans une pensée panafricaniste, anticapitaliste et radicalement afroféministe. » Dans une langue vive, ce manifeste veut éclai rer les objectifs et les modalités d'une telle entreprise dans un pays où le mot « race » provoque passions et fantasmes.
Partir de l'expérience spécifique des Noir·es en France, mais aussi des rapports entretenus par la France avec les Noires permet de comprendre le défi que représente un tel projet.
Dans un pays obsédé par le spectre du « communautarisme », l'autrice propose de faire de la notion de « communauté » une arme contre le projet néolibéral et individualiste de dépolitisation des luttes de libération noire.
Afroféministe, ce manifeste s'inscrit dans une lecture politique du monde qui voit la nécessité pour tout projet de libération d'en finir avec les structures d'exploitation économique, sociale et politique que sont le racisme, le patriarcat et le capitalisme.
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Les femmes du coin de la rue : Corps à corps avec la précarité
Patricia Bouhnik
- Syllepse
- Nouvelles Questions Feministes
- 15 Février 2024
- 9791039901918
Le livre donne à voir la vie quotidienne, les épreuves permanentes, l'art de la débrouille ainsi que les détresses de ces femmes femmes confrontées à des situation de violence.
Le livre privilégie les problématiques de genre et de développement des vulnérabilités accentuées par les différents épisodes de la pandémie en inscrivant les récits recueillis dans le contexte historique et social de la transformation des quartiers populaires.
Il interroge la place des femmes dans l'espace public.
À la recherche de lieux et de relations privilégiées qui les aident à se maintenir en vie. Pour certaines, ce sera une boutique bric-à-brac, pour d'autres les couloirs du métro, le hall d'une gare, une camionnette ou un banc.
L'ouvrage met également une focale particulière sur la place du corps qui joue pour ces femmes un rôle charnière, tant sur le plan de la visibilité (manières d'apparaître et de disparaître), des techniques de survie que sur celui de leur humanité où se croisent en permanence souffrances et petits plaisirs.
Ces « femmes du coin de la rue », ce sont nos voisines, que nous croisons, parfois sans les voir, en bas de chez nous, dans le métro, à la fin des marchés.
Si certaines sont destinataires d'interventions et d'aides (associations, travailleurs sociaux...), la plupart se tiennent à distance ou ne les rencontrent que très occasionnellement, souvent par peur des logiques de contrôle et d'encadrement ; ce sont surtout ces dernières que l'autrice a rencontrées.
Elles constituent un prisme d'appréhension de la condition des femmes précarisées dans les villes d'aujourd'hui.
S'en rapprocher, les considérer, les écouter peut permettre d'inverser les spirales dans lesquelles elles sont prises. -
Des classes dangereuses à l'ennemi intérieur : capitalisme, immigrations, racisme
Saïd Bouamama
- Syllepse
- Histoire : Enjeux Et Debats
- 28 Octobre 2021
- 9782849509609
« L'«immigré» fonctionne [...] comme un extraordinaire analyseur des régions les plus obscures de l'inconscient. » C'est par cette citation de Pierre Bourdieu que s'ouvre ce livre, aboutissement de plusieurs dizaines d'années de recherches et de militantisme.
Tout au long d'une traversée intellectuelle où sont évoqués la conquête des Amériques et les théories raciales du 19e siècle, mais aussi les violences policières contemporaines et le capitalisme colonial, les premières immigrations européennes en France au 19e siècle mais également l'islamophobie actuelle ou encore la guerre d'Algérie, on lira une pensée puissante, qui se déploie et fait émerger une réflexion singulière et des perspectives politiques sur les problématiques qui agitent nos sociétés.
Saïd Bouamama propose une large réflexion historique et politique sur les liens entre racisme, immigrations et capitalisme, et fournit ainsi un arsenal théorique à tous ceux intéressés au démantèlement de ce système.
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Féministes : luttes de femmes, lutte de classes
Suzy Rojtman
- Syllepse
- Utopie Critique
- 1 Décembre 2022
- 9791039900706
Le mouvement féministe contemporain en France a plus de cinquante ans, un temps d'histoire, histoire d'un enthousiasme fou de se retrouver ensemble, émaillé de victoires décisives, mais jalonné de difficultés face à un patriarcat qui se défend bec et ongles.
Dans cette histoire, on oublie souvent une des actrices essentielles?: la «?tendance lutte de classes?» comme elle s'est définie elle-même, après Mai 68, dans les années 1970. Restituer cette histoire occultée, c'est le but de ce livre, réalisé à partir de trois colloques organisés par le Collectif national pour les droits des femmes.
Il aborde l'histoire pionnière du MLF et de toutes ses tendances?: celle des groupes femmes créés dans les entreprises et les quartiers, celle des militantes d'extrême gauche, de gauche, des syndicalistes, qui, impliquées avec conviction, ont bataillé dans leurs organisations respectives.
L'histoire des luttes ouvrières où les femmes ont dû s'affirmer (Lip, Renault, banques, Chèques postaux). L'histoire méconnue des groupes de femmes immigrées ou dans les populations colonisées. L'histoire des luttes pour la visibilisation et l'affirmation des lesbiennes.
C'est aussi celle de la conquête du droit à l'avortement et son remboursement, celle de la création de collectifs féministes?: contre le viol et contre le racisme?; de l'unité avec la création de la Maison des femmes de Paris, d'Elles sont pour et du Collectif national pour les droits des femmes, des combats internationaux avec la Marche mondiale des femmes. C'est la parole de ses actrices elles-mêmes qui donne corps et vie à cette histoire.
Ce sont les contributions de 28 autrices qui donnent corps à ce livre, illustré avec des documents d'époque. Un livre coordonné par Suzy Rojtman, active dès 1974 dans la tendance «?Lutte de classes?» du MLF, qui milite à l'heure actuelle dans le Collectif national pour les droits des femmes. -
Le silence brisé : Une traversée migratoire des mondes juifs perdus
Annie Stora-Lamarre
- Syllepse
- Histoire : Enjeux Et Debats
- 30 Mai 2024
- 9791039902182
Réflexion sur l'exil et les mondes disparus, ce livre entreprend de briser le silence du/de la migrant·e qui dissimule tout un pan de la richesse de ses origines par peur de se faire rejeter.
Le retour mémoriel, c'est celui de l'autrice sur ses années constantinoises dans les années 1950 dont elle parle tout en questionnant ses propres choix: ce qu'elle garde vivant, ce qu'elle veut transmettre, ce qu'elle veut oublier. Dans ce processus ininterrompu qu'est l'exil comment donner sens au silence initié par la violence du déracinement?
Dans le Paris des années 1960, elle décrit une relégation dans les banlieues, à Sarcelles ou Sartrouville. Elle ressent le regard condescendant de la minorité juive française de culture ashkénaze. La dureté de cet accueil et ce sentiment d'injustice motivent sa curiosité pour aller à la rencontre de leur chemin migratoire.
Ces interrogations croisent ses recherches d'historienne consacrées à la morale et au droit de la de la 3e République, au sein de laquelle la théorie néodarwinienne de la sélection naturelle fonde une pensée hiérarchique et inégalitaire ordonnant «la marche des civilisations vers le progrès».
Le livre entrecroise mémoire et histoire. La traversée des mondes juifs mobilise des sources diverses: archives policières, autobiographies, romans... Cette mobilisation permet de comprendre comment le/la migrant·e juif·ve s'est défait des traumatismes des persécutions pour s'intégrer dans l'ordre juridique républicain.
Comment, dans son désir de naturalisation, l'étranger·ère joue entre ce qui relève de l'ordre public et de ce qui est destiné à rester privé. A contrario, les narrations font surgir de ces silences rusés mille façons flamboyantes d'être juif et juive, mille espaces symboliques, mille lieux, qu'il s'agisse d'enracinement, de migrations, d'expulsion, de dispersion. -
Venceremos ! expériences chiliennes du pouvoir populaire
Collectif
- Syllepse
- Coyoacan
- 31 Août 2023
- 9791039901499
Depuis la première édition de cet ouvrage, il y a dix ans, à l'occasion de la commémoration des quarante ans de l'assassinat de Salvador Allende, la société chilienne a vécu une période d'intenses bouleversements. L'estadillo, une révolte populaire exceptionnelle qui a commencé à l'automne 2019, a radicalement modifié les rapports de forces régissant le pays depuis la fin de la dictature pinochetiste.
La mise en mouvement de millions de Chiliennes et de Chiliens ravivait le souvenir de la période de l'Unité populaire (1970-1973) qui avait signifié, pour Hernán Ortega, président de la coordination des Cordons industriels de Santiago, « l'aspiration à une société différente, plus démocratique, plus égalitaire, permettant aux travailleurs d'atteindre un développement plein et entier, pas seulement du point de vue économique, mais aussi de celui de l'épanouissement intégral de l'être humain ».
Une page récente de l'histoire du Chili qui permet de (re)lire Venceremos ! sous un nouveau jour. Coordonné par Franck Gaudichaud, Venceremos ! raconte L'Unité populaire vue d'en bas, du point de vue de ceux qui la construisirent et la défendirent, au quotidien. Dans les quartiers pauvres et les usines, dans les organisations de ravitaillement, les comités de voisins, dans les cordons industriels et les commandos communaux, un mot d'ordre résonnait avec toujours plus de force : « Pouvoir populaire ». Et ce pouvoir populaire se construisait, soutenant et critiquant tout à la fois le gouvernement de l'Unité populaire. Quels furent les projets politiques, leurs acquis et leurs faiblesses, les débats et les mythes, leur organisation et leur ampleur ? Que nous disent, cinquante ans plus tard, ces évènement qui firent rêver la gauche internationale ? C'est à ces questions que ce livre s'efforce de répondre en republiant toute une série de documents relatifs à ce pouvoir populaire.
Pour cette seconde édition, deux acteurs du soulèvement de 2019, Karina Nohales, militante anticapitaliste et animatrice de la Coordination féministe du 8 Mars, et Pablo Abufom, éditeur et cofondateur du Centre social de Santiago, font le récit de cette période d'ébullition de 2019. Cet élan renouvelé du peuple chilien a conduit en l'espace de trois années à la défaite du président Piñera, nouvel avatar d'une droite autoritaire et décomplexée n'ayant jamais réellement rompu avec la violence de la dictature ; à l'accession au pouvoir d'une jeune génération militante, dont Gabriel Boric, dirigeant étudiant durant lors du mouvement de 2011 ; à un processus constituant qui se conclura violemment par le rejet des propositions issues du mouvement social en quête d'une sortie institutionnelle. Si le présent ne se fait jamais sans le passé, l'histoire des luttes populaires est toujours un nouveau voyage, s'alimentant sans cesse de la créativité et du dynamisme de celles et ceux qui se battent pour un horizon émancipateur. -
Flora Tristan : une insoumise sous le règne de Louis-Philippe
Olivier Gaudefroy
- Syllepse
- Des Paroles En Actes
- 21 Avril 2022
- 9791039900089
Avec cette biographie, Olivier Gaudefroy nous propose de découvrir les multiples facettes de la vie de Flora Tristan.
Enfant illégitime d'un colonel de l'armée espagnole, elle se définissait elle-même comme une «?paria?», une exclue, non seulement en raison de sa condition de fille naturelle mais aussi à cause de son ressenti de déclassement social et de sa subordination au système patriarcal.
Très vite, elle épouse la cause ouvrière, elle prône l'unité ouvrière internationale et se bat pour faire prendre en compte le combat féministe dans le socialisme. Mariée à un homme violent, elle échappe au féminicide.
Dans son combat, elle se lie aux grandes figures du féminisme anglais. Son voyage au Pérou, à la recherche de ses origines paternelles, lui permet de découvrir et de dénoncer l'esclavage.
Plus tard, de son enquête à Londres sur la condition ouvrière, naîtra un ouvrage de sociologie, Promenades dans Londres, qui connaîtra un large succès.
Immergée dans les débats du mouvement socialiste de l'époque, Flora Tristan écrit Union ouvrière, qui devient une référence. Elle sillonne la France et donne de multiples conférences pour la promotion du livre qui la conduisent sur les routes de l'est et du sud de la France. Ce périple lui provoque un épuisement fatal.
Son dernier combat, pour la construction d'une organisation ouvrière indépendante, où la libération du prolétariat ne se fera pas sans libération des femmes, reste une de ses contributions les plus importantes à l'histoire du mouvement ouvrier français.
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C'est le rejet de la guerre coloniale menée en Afrique, qui engloutit des milliers de conscrits et pousse la jeunesse à l'exil, qui précipite la révolte des jeunes officiers et qui conduit à la chute du régime salazariste. Ceux-ci créent le Mouvement des forces armées qui se donne trois objectifs :
Démocratisation, décolonisation, développement économique.
Le 25 avril, l'armée, sous la direction du MFA, renverse la dictature, notamment sous l'impulsion et l'organisation du capitaine Otelo de Carvalho, dont on retrouvera une interview dans l'ouvrage.
La population descend alors dans les rues, se mêle aux insurgés. Les entreprises et les domaines agricoles sont progressivement occupés. L'aspiration au « poder popular » se répand dans le pays.
Le livre revient sur l'expérience de la coopérative Novo Rumo dans la métallurgie, une des 400 coopératives existantes à Lisbonne. Pour l'essentiel, elles ont été impulsées par les organes de base auto- institués des travailleurs, soit parce que les patrons ont fui, soit parce qu'ils sont défaillants.
Les coopératives se développent en parallèle des grandes nationalisations. Autogestion, contrôle ouvrier, pouvoir populaire, autant de sujets sur lesquels plusieurs auteurs et autrices entrecroisent avis, expériences et enseignements.
Quels furent la place et le rôle des femmes ouvrières dans la révolution portugaise ? Une illustration au travers de la lutte de la Sogantal, petite usine textile de la banlieue de Lisbonne.
Une attention particulière est mise sur le regard portéée par l'immigration portugaise en France sur la révolution au pays.
Au travers de l'action des militantes et militants anarchistes, c'est la solidarité internationale avec le mouvement de libération portugais qui est exposée.
Des syndicalistes du Portugal d'aujourd'hui nous disent ce que représente la révolution des oeillets en 2024.
Un livre qui dresse le portrait d'un Portugal qui surprend le monde en s'éveillant à la démocratie sociale et politique. Un Portugal qui effraie Washington, qui s'empresse d'y dépêcher celui qui était son ambassadeur au Chili au moment du coup d'État de Pinochet, quelques mois auparavant.