Gallimard
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Discours pour le Prix de la paix des libraires et éditeurs allemands : Francfort-sur-le-Main, 16 octobre 2011
Boualem Sansal
- Gallimard
- Tracts
- 3 Avril 2025
- 9782073122766
« Camus disait : "Écrire, c'est déjà choisir." Voilà, c'est ce que j'ai fait, j'ai choisi d'écrire. Et j'ai eu raison de le faire. » Boualem Sansal Dans un pays qui n'a connu que la dictature, celle des armes et de la religion, la seule idée qu'on peut avoir de la paix est la soumission, ou le suicide, ou l'émigration sans retour. L'absence de liberté est une douleur qui rend fou à la longue. Elle réduit l'homme à son ombre et ses rêves à ses cauchemars. Le peintre Giorgio De Chirico disait cette chose troublante : « Il y a plus d'énigmes dans l'ombre d'un homme qui marche au soleil que dans toutes les religions passées, présentes et futures. » C'est possible, et sans doute vrai, mais il n'y a que de la honte et rien de mystique dans la douleur chez l'homme qui se réduit à son ombre. Qui n'est pas libre ne respectera jamais l'autre, ni l'esclave car son malheur lui rappelle sa propre humiliation, ni celui qui est libre car son bonheur est une insulte pour lui. Seul le désir de liberté le sauvera de la haine et du ressentiment. Sans ce désir consciemment porté, nous ne sommes pas des humains, il n'y a rien de vrai en nous. B.S.
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L'arabe est une langue universelle, au même titre que l'anglais, l'espagnol, le chinois ou le français. La maîtriser, c'est s'ouvrir au monde. Elle offre des clés de connaissance, de culture et d'histoire. Elle permet de découvrir une civilisation millénaire, de lire les grands poètes, de comprendre les savants, d'appréhender les philosophes. Avec l'arabe comme avec toutes ces langues, on ferait de meilleurs francophones, conscients de leurs héritages et à la mesure de leur identité collective. C'est ce lien qu'il faut retrouver. Loin des polémiques stériles, et sans ignorer les enjeux éducatifs, sociaux et politiques attachés à cette question, il est temps d'ouvrir une nouvelle page. De replacer l'arabe là où il n'aurait jamais dû disparaître : dans les salles de classe, dans les bibliothèques, dans les conversations. Et pas ailleurs. Il est plus que temps.
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Écrans, un désastre sanitaire : Il est encore temps d'agir
Servane Mouton
- Gallimard
- Tracts
- 13 Février 2025
- 9782073115317
«Nous appelons de nos voeux la prise de conscience de ce désastre sanitaire qui s'annonce et déjà se constate. Il n'est pas trop tard, mais il est plus que temps.» Comment sortir de l'hypnose ? Le fait est pourtant sous nos yeux. Il est en premier lieu sanitaire : l'effet délétère des écrans sur notre santé physique et psychique, et en particulier sur celle des enfants et adolescents, ces êtres de chair et d'esprit en formation ; mais aussi sur le développement neurologique et socio-émotionnel, nos relations inter-individuelles, notre lien à la vérité et la libre formation de nos opinions. Il est plus que temps d'évaluer le bénéfice de la révolution numérique - les réseaux sociaux et, aujourd'hui, l'IA qui tient sommet - à l'aune de ses «externalités négatives», tant individuelles que sociales et environnementales. Sait-on ce que nous coûte vraiment cette prodigieuse quête technologique, à dominante hégémonique, et ce que nous pourrions y perdre ? Savoir est nécessaire pour bien agir ; et la loyauté de l'information est l'un des principes fondateurs du serment d'Hippocrate.
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Explosive modernité : Malaise dans la vie intérieure
Eva Illouz
- Gallimard
- Connaissances
- 15 Mai 2025
- 9782073026484
Comment comprendre le malaise indéniable dans lequel notre civilisation est plongée ? Il y a un siècle, Freud se posait la même question. Mais là où, en psychanalyste, il dressait le tableau d'un conflit entre pulsions et répression, ce qui se joue aujourd'hui est à la lisière entre émotions et monde social. Nos affects les plus intimes - espoir, déception, colère, envie, honte, fierté, amour même - sont désormais pris dans les tensions et dynamiques de nos sociétés. L'espoir, fondement émotionnel de la modernité, a promis le progrès et l'amélioration du sort de chacun. C'était avant que les inégalités, la montée du populisme, démocratie extrême, la domination de la technologie ne le transforment en déception, envie, colère ou nostalgie. La conjonction de toutes ces émotions nous a fait entrer dans une ère explosive. Ce livre est l'exact opposé d'un manuel de développement personnel : il ne nous invite pas à ausculter sans fin notre «moi», mais à ouvrir notre intériorité à l'analyse sociale pour y découvrir que ce qui nous hante est avant tout l'écho des forces à l'oeuvre dans notre vie collective. Sociologue des émotions, Eva Illouz mobilise ici la littérature et la philosophie autant que les sciences politiques pour explorer comment et pourquoi ces émotions sont déployées dans la société.
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Surnommé «l'homme qui répare les femmes», le gynécologue et chirurgien Denis Mukwege a consacré sa vie aux femmes victimes de sévices sexuels en République démocratique du Congo. Dans une région où le viol collectif est considéré comme une arme de guerre, le docteur Denis Mukwege est chaque jour confronté aux monstruosités des violences sexuelles, contre lesquelles il se bat sans relâche, parfois au péril de sa vie. Dès 1999, il fonde l'hôpital de Panzi dans lequel il promeut une approche «holistique» de la prise en charge : médicale, psychologique, socio-économique et légale. Écrit à la première personne, La force des femmes retrace le combat de toute une vie en dépassant le genre autobiographique. L'héroïne du roman, c'est la femme composée de toutes ces femmes. L'auteur rend un véritable hommage à leur courage, leur lutte. Pour lui, il s'agit d'une lutte mondiale : «C'est vous, les femmes, qui portez l'humanité.» Ainsi, à travers le récit d'une vie consacrée à la médecine et dans un vrai cri de mobilisation, Denis Mukwege nous met face au fléau qui ravage son pays et nous invite à repenser le monde. La force des femmes clame haut et fort que guérison et espoir sont possibles pour toutes les survivantes.
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La colère et l'oubli : Les démocraties face au jihadisme européen
Hugo Micheron
- Gallimard
- Hors Série Connaissance
- 20 Avril 2023
- 9782072980725
D'où vient le jihadisme ? Où va-t-il ? Depuis l'effondrement de Daech en Syrie, ces interrogations semblent avoir disparu du débat public. Certes, les affaires qui émaillent tragiquement l'actualité rappellent que le sujet du terrorisme islamiste est loin d'être réglé. Mais en dehors des attentats, il est urgent de comprendre ce qui a permis au jihadisme de devenir, en l'espace d'une génération, un enjeu politique, sociétal et démocratique de premier plan. Hugo Micheron retrace avec précision ce qu'est le jihadisme depuis 1989, au-delà de la simple menace sécuritaire et du seul cas de la France. Il propose la première histoire du jihadisme européen, un phénomène d'abord ignoré, dont les transformations sont passées inaperçues et dont les implications sont considérables pour les équilibres actuels et futurs des démocraties européennes. C'est un récit à hauteur d'hommes et de femmes, sur plusieurs continents, qui permet de comprendre pourquoi l'Europe a été autant frappée par les attentats, de Stockholm à Madrid en passant par Nice, Paris, Londres et Berlin. Il éclaire la nature du jihadisme en Occident, ses métamorphoses passées et présentes, et nous fait prendre conscience des enjeux de la décennie à venir, car c'est quand on s'y attend le moins que les attentats nous frappent.
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160 000 enfants : Violences sexuelles et déni social
Edouard Durand
- Gallimard
- Tracts
- 8 Février 2024
- 9782073071927
«Le corps des enfants, le corps des femmes, négociables ou non négociables ?» Édouard Durand Le constat est effroyable, appuyé désormais sur d'innombrables témoignages : 160000 enfants sont sexuellement violentés chaque année en France... Elles sont là, à nos côtés, sous nos yeux, ces victimes, s'ajoutant à la foule des traumatisés d'un passé qui ne passe pas. Quel crédit la société porte-t-elle à ces voix de souffrance, lorsqu'elles ont osé se faire entendre ? Le juge Édouard Durand, qui a dirigé les travaux de la Ciivise pendant trois ans avant de s'en voir retirer la charge, a observé les mécanismes de déni encore à l'oeuvre dans la société. Il livre ici ses conclusions personnelles. Si, comme on l'entend encore trop souvent, «tout le monde savait», c'est que personne au fond ne voulait que ça se sache ; on préférerait que les victimes ne soient pas des victimes et que les criminels n'aient agressé personne. Mais entre l'impunité et la justice, il faut choisir. La parole des victimes doit être entendue sans arrière-pensée ; c'est là que tout commence, le premier geste non négociable de la protection de l'enfance. On ne pourrait aujourd'hui s'y soustraire sans créer un immense malaise.
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Effondrement - comment les societes decident de leur disparition ou de leur survie
Jared Diamond
- Gallimard
- 11 Mai 2006
- 9782070776726
La question : « Comment des sociétés ont-elles disparu dans le passé ? » peut aussi se formuler : « Au rythme actuel de la croissance démographique, et particulièrement de l'augmentation des besoins économiques, de santé et en énergie, les sociétés contemporaines pourront-elles survivre demain ? »
La réponse se formule à partir d'un tour du monde dans l'espace et dans le temps - depuis les sociétés disparues du passé (les îles de Pâques, de Pitcairn et d'Henderson ; les Indiens mimbres et anasazis du sud-ouest des États-Unis ; les sociétés moche et inca ; les colonies vikings du Groenland) aux sociétés fragilisées d'aujourd'hui (Rwanda, Haïti et Saint-Domingue, la Chine, le Montana et l'Australie) en passant par les sociétés qui surent, à un moment donné, enrayer leur effondrement (la Nouvelle-Guinée, Tipokia et le Japon de l'ère Tokugawa).
De cette étude comparée, et sans pareille, Jared Diamond conclut qu'il n'existe aucun cas dans lequel l'effondrement d'une société ne serait attribuable qu'aux seuls dommages écologiques. Plusieurs facteurs, au nombre de cinq, entrent toujours potentiellement en jeu : des dommages environnementaux ; un changement climatique ; des voisins hostiles ; des rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux ; les réponses apportées par une société, selon ses valeurs propres, à ces problèmes.
Cette complexité des facteurs permet de croire qu'il n'y a rien d'inéluctable aujourd'hui dans la course accélérée à la dégradation globalisée de l'environnement. Une dernière partie recense, pour le lecteur citoyen et consommateur, à partir d'exemples de mobilisations réussies, les voies par lesquelles il peut d'ores et déjà peser afin que, dans un avenir que nous écrirons tous, le monde soit durable et moins inéquitable aux pauvres et démunis.
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«C'est un carnet de voyage au pays que nous irons tous habiter un jour. C'est un récit composé de choses vues sur la place des villages, dans la rue ou dans les cafés. C'est une enquête tissée de rencontres avec des gens connus mais aussi des inconnus. C'est surtout une drôle d'expérience vécue pendant quatre ans de recherche et d'écriture, dans ce pays qu'on ne sait comment nommer : la vieillesse, l'âge ? Les mots se dérobent, la manière de le qualifier aussi. Aurait-on honte dans notre société de prendre de l'âge ? Il semble que oui. On nous appelait autrefois les vieux, maintenant les seniors. Seniors, pas seigneurs. Et on nous craint, nous aurions paraît-il beaucoup de pouvoir d'achat, en même temps qu'on nous invisibilise. Alors que faire ? Nous mettre aux abris ? Sûrement pas ! Mais tenter de faire comprendre aux autres que vivre dans cet étrange pays peut être source de bonheur... Plus de cinquante ans après l'ouvrage magistral de Simone de Beauvoir sur la vieillesse, je tente de comprendre et de faire éprouver ce qu'est cette chose étrange, étrange pour soi-même et pour les autres, et qui est l'essence même de notre finitude. Tu as quel âge ? Seuls les enfants osent vous poser aujourd'hui ce genre de questions, tant le sujet est devenu obscène. A contrario, j'essaie de montrer que la sensation de l'âge, l'expérience de l'âge peuvent nous conduire à une certaine intensité d'existence. Attention, ce livre n'est en aucun cas un guide pour bien vieillir, mais la description subjective de ce que veut dire vieillir, ainsi qu'un cri de colère contre ce que la société fait subir aux vieux. La vieillesse demeure un impensé. Simone de Beauvoir avait raison : c'est une question de civilisation. Continuons le combat !» L. A. De sa voix chaude, Laure Adler délivre avec justesse un récit personnel sur la vieillesse, ce chemin «tendre, joyeux et vital».
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Aider à vivre : Pour des vies dignes d'être vécues jusqu'au bout
Haïm Korsia
- Gallimard
- Tracts
- 4 Juin 2024
- 9782073086235
« Il n'y a nul besoin de nouvelle loi sur la fin de vie car nous avons déjà établi que personne ne doit souffrir.» Haïm Korsia Que penser d'une communauté humaine qui concentre toute son attention sur l'aide à mourir alors que notre seule et constante préoccupation devrait être celle d'aider à vivre, à vivre sans souffrir et sans sentiment de culpabilité ? Ce débat existentiel, citoyen et politique dépasse la question des mourants ; il concerne chacun d'entre nous dans son rapport à la vie digne d'être vécue. Sans nier les questionnements légitimes qu'ouvre un tel sujet, et sans faire l'impasse sur aucun de ses doutes, Haïm Korsia prend position, au nom de sa foi, de la sagesse pratique et d'une expérience intime de l'humain - toutes voix de l'être compassionnel qui ne sauraient donner droit ni moyens à la demande de mort. Il s'agira dès lors d'accompagner mieux encore nos proches jusqu'au bout de leur vie, à droit égal et en toute humanité.
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L'homosexualité masculine n'est pas qu'une orientation sexuelle, c'est aussi une culture. Telle est la thèse de David Halperin, pionnier des études LGBT, qui suggère, dans ce livre tiré d'un cours dispensé à l'université du Michigan et qui a suscité la controverse, qu'«être gay» , c'est aussi une manière d'être spécifique à laquelle il faut être initié. Esthétisme, snobisme, sens du mélodrame et de l'ironie, goût pour le glamour, caricature des femmes, obsession pour les mères... Plutôt que de répudier les clichés, David Halperin les réinvestit en instruments théoriques, mettant en exergue l'idée que le génie de la culture gay réside non seulement dans certaines de ses caractéristiques les plus méprisées, mais aussi dans une façon de détourner les valeurs de la majorité pour mieux les subvertir. Une façon donc d'opposer à l'abjection sociale qui a longtemps entouré l'homosexualité une manière d'être heureux. Un «art d'être gai».
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De l'inégalité parmi les sociétés : Essai sur l'homme et l'environnement dans l'histoire
Jared Diamond
- Gallimard
- Nrf Essais
- 22 Novembre 2000
- 9782070753512
La question essentielle, pour la compréhension de l'état du monde contemporain, est celle de l'inégale répartition des richesses entre les sociétés : pourquoi une telle domination de l'Eurasie dans l'histoire ? Pourquoi ne sont-ce pas les indigènes d'Amérique, les Africains et les aborigènes australiens qui ont décimé, asservi et exterminé les Européens et les Asiatiques ? Cette question cruciale, les historiens ont renoncé depuis longtemps à y répondre, s'en tenant aux seules causes prochaines des guerres de conquête et de l'expansion du monde industrialisé. Mais les causes lointaines, un certain usage de la biologie prétend aujourd'hui les expliquer par l'inégalité supposée du capital génétique au sein de l'humanité. Or l'inégalité entre les sociétés est liée aux différences de milieux, pas aux différences génétiques. Jared Diamond le démontre dans cette fresque éblouissante de l'histoire de l'humanité depuis 13 000 ans. Mobilisant des disciplines aussi diverses que la génétique, la biologie moléculaire, l'écologie des comportements, l'épidémiologie, la linguistique, l'archéologie et l'histoire des technologies, il marque notamment le rôle de la production alimentaire, l'évolution des germes caractéristiques des populations humaines denses, favorisées par la révolution agricole, le rôle de la géographie dans la diffusion contrastée de l'écriture et de la technologie, selon la latitude en Eurasie, mais la longitude aux Amériques et en Afrique.
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Soyons tous des féministes
Chimamanda Ngozi Adichie, Sylvie Schneiter
- Gallimard
- Hors Série Littérature
- 3 Mars 2022
- 9782072988981
Dans cet essai devenu culte, adapté d'une conférence TED qui a fait le tour du monde, la romancière Chimamanda Ngozi Adichie explore de manière unique, intime et profondément vivante la définition du féminisme de nos jours. Entre colère et espoir, elle puise dans ses expériences vécues tout autant que dans les réalités du monde actuel, pour nous dévoiler un remarquable regard sur ce qu'être une femme aujourd'hui implique et signifie. C'est aussi son cri du coeur qui résonne ici pour bâtir «un monde où les hommes et les femmes seront plus heureux et plus honnêtes envers eux-mêmes». Un monde où nous serons tous des féministes.
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L'enracinement ; prélude à une déclaration des devoirs envers l'être humain
Simone Weil
- Gallimard
- Espoir
- 1 Juin 1949
- 9782070266364
TL'enracinement est peut-etre le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine. C'est un des plus difficiles ´r définir. Un etre humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle ´r l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir. Participation naturelle, c'est-´r-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l'entourage. Chaque etre humain a besoin d'avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l'intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie.t Simone Weil.
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La ruse de Jacob : L'élevage des humains et le modèle de l'art
Eric Michaud
- Gallimard
- Nrf Essais
- 15 Mai 2025
- 9782072962042
Comment produire sinon une humanité nouvelle, du moins un peuple neuf, distinct de tous les autres ? Pour former son propre troupeau, métaphore de son peuple à venir, le patriarche Jacob place des branches tachetées sous le regard des brebis en chaleur afin qu'elles donnent naissance à des petits tachetés. Telle est la ruse de Jacob, son art et sa technique d'éleveur, littéralement patriarcale. Ce sont les mythes où la biologie croise l'art qui font la trame de cet ouvrage, tout entier ordonné à la croyance très ancienne en l'effet des images sur le foetus. Des antiques chambres nuptiales aux modernes chambres photographiques, en passant par les rêves de contrôle eugénique des Spartiates, une littérature immense s'est accumulée au cours des siècles sur cet objet anthropologique singulier : la déviation par l'image du cours naturel de la génération. Et si le récit de la ruse de Jacob a traversé les siècles, c'est parce qu'il inaugure l'usage réfléchi de cette déviation. L'hypothèse de ce livre est simple. En donnant aux images de l'art le pouvoir de féconder la femme ou de modeler son foetus, ces mythes témoignent aussi d'une lutte millénaire où l'activité artistique concurrence la femme dans la reproduction de la vie. Car l'art, essentiellement pratiqué et pensé en Occident par des hommes, aura longtemps été l'instrument d'une dépossession symbolique de la femme de sa fonction reproductrice et de son rôle dans la transmission de la vie.
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Violences policières : le devoir de réagir
Williame Bourdon, Vincent Brengarth
- Gallimard
- Tracts
- 28 Avril 2022
- 9782072956003
«Il est urgent de réagir pour réconcilier la police et la population en prenant en considération l'ensemble des maux que les violences policières révèlent.» William Bourdon et Vincent BrengarthLes violences policières ffectent la confiance de la population dans la police et, à travers elle, dans les institutions. Nos responsables politiques en dénient trop souvent l'existence et se refusent à tout débat public sur les maux qui en sont à l'origine. Nous sommes témoins des obstacles qui empêchent de constater ces violences et de les condamner. Nous proposons de partager notre expérience d'hommes de loi, avec le souci de la nuance sur un sujet brûlant, tout en formulant des propositions.Trouver les remèdes qui s'imposent pour mettre un terme aux violences policières, telle est la condition pour rétablir le crédit de la police et, au-delà, de l'autorité judiciaire. Une urgence démocratique et citoyenne.
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Le souverain laborieux : Une théorie normative du travail
Axel Honneth
- Gallimard
- Nrf Essais
- 12 Septembre 2024
- 9782073031792
Un des plus grands défauts de presque toutes les théories de la démocratie consiste à oublier obstinément que les membres de ce Souverain qu'elles invoquent à cor et à cri sont toujours aussi des sujets laborieux. On s'imagine que les citoyennes et les citoyens se soucient avant tout de prendre part aux débats politiques pour y défendre leurs idées ; mais la réalité sociale est que, jour après jour, la plupart des individus se consacrent à un travail, ce qui - en raison de leur position subalterne, de leur faible rémunération ou du surmenage auquel ils sont exposés - leur interdit en pratique ne serait-ce que de se projeter dans le rôle d'acteurs autonomes de la formation démocratique de la volonté. Le point aveugle de la théorie de la démocratie est donc une division sociale du travail qui est née sur le sol du capitalisme moderne et qui, en raison de positions très inégalement dotées, détermine qui détient quelles possibilités d'influencer le processus de la formation démocratique de la volonté. Négliger cette sphère est d'autant plus fatal pour une théorie de la démocratie qu'elle perd ainsi de vue l'un des rares leviers qui permettent à l'État démocratique d'agir sur ses propres conditions d'existence : en dehors de l'instruction scolaire, l'État démocratique peut, en agissant sur les conditions de travail, déterminer quels sont les schémas comportementaux bénéfiques, c'est-à-dire coopératifs.
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Le jihadisme français : quartiers, syrie, prisons
Hugo Micheron
- Gallimard
- Esprits Du Monde
- 9 Janvier 2020
- 9782072875991
Cinq ans après les attentats qui ont ensanglanté la France - de la tuerie de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 aux massacres du Bataclan le 13 novembre 2015 - ce livre présente le premier récit de l'intérieur du processus qui a vu naître le jihadisme français parmi les « cités » enclavées des banlieues populaires et a mené ses activistes, en passant par le « califat » de Daech au Levant, jusqu'aux prisons de l'Hexagone.
C'est en effet à partir de quatre-vingts entretiens avec des jihadistes incarcérés que Hugo Micheron a pu reconstituer la structuration des réseaux et des territoires du jihad. S'inscrivant en faux contre l'opinion commune qui fait du monde pénitentiaire une institution totalitaire coupée de la société, il analyse les interactions constantes entre celui-ci et les « quartiers ». Il montre comment la projection dans l'hyper-violence sur la « terre sainte du Châm » en Syrie et sur le territoire français est l'aboutissement d'un itinéraire qui démarre dans les cercles salafistes de Toulouse et Molenbeek dès la fin du siècle dernier. Il est scandé par les grands bouleversements des attentats du 11 Septembre 2001 aux États-Unis et les meurtres commis par Mohamed Merah en mars 2012, préludes à la proclamation du « califat » à Raqqa.
Ces analyses, qui reposent sur la familiarité de l'auteur avec les banlieues populaires, sur sa connaissance des langue et culture arabes et de la Syrie, ainsi que son immersion pendant deux années dans le monde carcéral, ouvrent des perspectives totalement nouvelles.
Elles permettent de comprendre pourquoi la majorité de la classe politique, des hauts fonctionnaires et beaucoup d'universitaires, n'ont eu du phénomène jihadiste qu'une lecture superficielle et inopérante - dont notre société a payé un prix particulièrement élevé. Elles ouvrent également la réflexion sur les pistes pour anticiper « l'après-Daech ».
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Afin de penser l'Europe, Edgar Morin nous invite à abandonner les discours rhétoriques et les idées fragmentaires qui produisent des Europe imaginaires, idéales ou mutilées. Son essai, qui est en même temps un voyage interrogatif dans l'histoire et la culture européennes, conçoit l'Europe comme une unité multiple et complexe, unissant les contraires de façon inséparable. Pour la première fois dans les Temps modernes, l'Europe vit un destin commun. Il nous faut en prendre conscience si nous voulons élaborer un dessein commun.
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Victor Hugo : La révolution romantique de la liberté
Philippe Raynaud
- Gallimard
- L'esprit De La Cite - Des Hommes Qui Ont Fait La France
- 3 Octobre 2024
- 9782073082190
Aucun poète, aucun écrivain n'a autant contribué à faire la France. L'oeuvre de Victor Hugo exprime les espérances, les mutations et les divisions du siècle. Le talent éclatant de sa jeunesse coïncide avec un royalisme ardent mais finalement superficiel. C'est au moment de la «bataille d'Hernani» qu'il trouve définitivement sa voie en affirmant l'unité indissoluble du mouvement romantique et de la cause du progrès politique. Quand éclate la révolution de 1848, il est déjà la parfaite incarnation du grand écrivain national, auteur admiré de Notre-Dame de Paris, de Ruy Blas, des Voix intérieures... C'est aussi un notable littéraire, académicien et homme politique reconnu dont la proximité avec Louis-Philippe ne contredit pas les inclinations progressistes. C'est sous la II? République que sa philosophie politique acquiert ses traits définitifs : elle est libérale, démocratique, humanitaire et sociale. Après le coup d'État du 2 décembre 1851, le choix de l'exil donne à son engagement républicain une portée légendaire et une autorité morale sans égale. Ce sont les années de ses plus grands chefs-d'oeuvre, Les Contemplations, La Légende des siècles, Les Misérables surtout, «un livre-monde», écrit Philippe Raynaud, où se mêlent les idées et les passions qui travaillent l'esprit national : la religion, la question sociale, les rapports tumultueux entre la révolution et la démocratie. Revenu en France, Victor Hugo sera la conscience critique de la III? République, qui le reconnaîtra comme le grand poète de la France, jusqu'à l'apothéose de ses funérailles nationales.
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Les étapes de la pensée sociologique : Montesquieu, Comte, Marx, Tocqueville, Durkheim, Pareto, Weber
Raymond Aron
- Gallimard
- Tel
- 23 Octobre 1976
- 9782070295180
«Parti à la recherche des origines de la sociologie moderne, j'ai abouti, en fait, à une galerie de portraits intellectuels... Je me suis efforcé de saisir l'essentiel de la pensée de ces sociologues, sans méconnaître ce que nous considérons comme l'intention spécifique de la sociologie, sans oublier non plus que cette intention était inséparable, au siècle dernier, des conceptions philosophiques et d'un idéal politique.» Raymond Aron.
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Revue la deferlante n.4 : aimer
Collectif
- Gallimard
- Les Carnets Carres (papeterie)
- 19 Octobre 2017
- 3260050888172
Coffret de trois volumes vendus ensemble
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«Le seul conseil qu'une personne puisse donner à une autre à propos de la lecture c'est de ne demander aucun conseil, de suivre son propre instinct, d'user de sa propre raison, d'en arriver à ses propres conclusions.» (Virginia Woolf. L'Art du roman)Rien, dans aucune librairie, ne saura jamais s'opposer à la liberté de choix laissée à chacune et chacun. À quoi bon des librairies, direz-vous ? Les librairies sont les lieux privilégiéset ordonnés de la présence des livres, celle de leur matérialité et de leur lumière, sans lesquelles aucune décision n'est permise. La possibilité d'évoluer parmi eux associe au silence nécessaire des livres la parole de ceux qui en sont au quotidien les jardiniers. Appelons les libraires.
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La fin du village ; une histoire française
Jean-Pierre Le Goff
- Gallimard
- Hors Serie Connaissance
- 27 Septembre 2012
- 9782070774425
À l'heure du «changement» et de la «mondialisation», le «village» continue d'être présent dans la mémoire et l'imaginaire des Français. Mais le divorce entre le mythe et la réalité n'a jamais été aussi flagrant. À l'ancienne collectivité, rude, souvent, mais solidaire et qui baignait dans une culture dont la «petite» et la «grande patrie» étaient le creuset, a succédé un nouveau monde bariolé où individus, catégories sociales, réseaux et univers mentaux, parfois étrangers les uns des autres, coexistent dans un même espace dépourvu d'un avenir commun. Telle est la conclusion de l'enquête menée par Jean-Pierre Le Goff pendant plusieurs années sur les évolutions d'un bourg du Luberon depuis la Seconde Guerre mondiale. Il s'est immergé dans la vie quotidienne des habitants, a interrogé beaucoup d'entre eux, consulté des archives, recueilli les documents les plus divers. Le tableau qu'il brosse est saisissant. À rebours des clichés et d'une vision idéalisée de la Provence, les anciens du village ont le sentiment d'être les derniers représentants d'une culture en voie de disparition, face aux modes de vie des néo-ruraux et au tourisme de masse. Animation culturelle et festive, écologie et bons sentiments, pédagogie et management, spiritualités diffuses se développent sur fond de chômage et de désaffiliation. Les fractures sociales se doublent de fractures culturelles qui mettent en jeu des conceptions différentes de la vie individuelle et collective. C'est donc un microcosme du mal-être français que l'auteur décrit au plus près des réalités, en s'interrogeant sur ce qu'il est advenu de l'ancien peuple de France et sur les défis qu'un nouveau type d'individualisme pose à la vie en société.