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Actualites Editions
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Quand la neige tombera
Javier Vicedo Alós
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 18 Août 2022
- 9791094225547
Quatre personnages solitaires orchestrent un fait plutôt sordide : une urne funéraire, contenant les cendres d'un père, laissée un moment sur le trottoir par la famille, disparaît. Le voleur, qui pensait s'emparer d'un vase de valeur, s'en débarrasse en la jetant dans une benne à vêtements. Un agent d'entretien de l'entreprise de collecte, chargé de s'en défaire croit bien faire en dispersant les cendres du haut de son immeuble, pour offrir « une fin digne » au défunt. La famille en émoi recherche l'urne et placarde des affichettes. Le voleur et l'agent d'entretien finissent par lui remettre, chacun de leur côté, de « fausses » cendres, qui seront mêlées, puis dispersées, comme prévu, dans un vaste champ couvert de neige, horizon de tous les possibles, du renouvellement, de la continuité. Ce voyage inattendu fait affleurer à la surface les conflits familiaux, les attachements, la douleur silencieuse, et l'atavisme qui nous façonne. Ces minuscules vies sont ballotées par de petits échecs quotidiens, toujours en fuite sans savoir vraiment où ni pourquoi. « Sommes-nous autre chose que des cendres ? », se demande l'un d'eux - mais ils entendent désormais, tenir debout, prendre le risque d'exister.
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Dix millions nous donne à entendre la voix solitaire d'un enfant devenu grand qui essaie de se souvenir. L'écriture cherche désespérément, à travers l'articulation de plusieurs voix (l'enfant, son père, sa mère et sa grand-mère) - à comprendre ce qu'ont été les Cubains en 1970, l'année des dix millions de tonnes, objectif fixé à la récolte de canne à sucre. C'est donc une histoire politique que l'auteur met en regard de souvenirs biographiques. Ce jeune enfant est alors le double de l'auteur qui essaie de se souvenir comment il s'est construit, né du couple improbable et éphémère d'une mère révolutionnaire autoritaire et d'un père reclus sur sa nostalgie. Les parents se sépareront et partiront chacun de leur côté. L'enfant restera dans l'île. Son homosexualité, enfouie en lui, oscille entre l'angoisse et la profonde conviction de devoir être différent pour survivre, puis pour se réaliser à travers le monde, à travers le théâtre. Le prisme de la mémoire façonne l'identité du garçon, dépliant telle une sculpture d'origami ce qui pourrait être le témoin du temps qui n'existe vraiment jamais au présent.
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Le lévrier
Vanessa Montfort
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 1 Novembre 2016
- 9791094225059
Elena et Daniel ont accueilli et soigné un lévrier durant plusieurs mois. Sous le regard avisé et quelque peu décalé de Rita, Hans et Greta devront prouver qu'ils sont aptes à l'adoption. Avec un humour cinglant, l'auteure décline cette situation sous toutes ses formes (économique, sociale ou langagière), à travers la joute oratoire des deux couples, espagnol et allemand, qui vont se faire face au beau milieu d'un salon. Animal racé, élégant et majestueux, le lévrier espagnol est associé à l'aristocratie comme en témoigne la célèbre Partie de chasse de Goya, qui illustre avec justesse une société européenne en crise. Scène après scène, les rivalités apparentes dévoilent une visée tout autre, illustrant le conflit politique entre Nord et Sud qui, à son tour, laisse transparaître une crise représentative des relations de couple. Tous les clichés contemporains vont passer dans le prisme de la langue. Les dialogues, enlevés, précis, mais aussi douloureux, nous montrent une humanité qui n'en finit pas de chercher son bonheur. Grâce à une succession de situations comiques, les véritables visages de chacun se dévoilent, au bord de l'abîme... et de la crise de nerfs !
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Attention, chien méchant !
Eva Redondo
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 23 Novembre 2017
- 9791094225073
L'enfance et la violence faite aux jeunes femmes sont ici présentées avec une tristesse infinie, à travers un enchaînement de récits dramatiques qui forment une mystérieuse mosaïque. Ainsi, plusieurs formes d'agression ont lieu simultanément à différents endroits de la planète. À Pattaya, des milliers de visiteurs, surtout des hommes solitaires, marchent égarés au milieu de la foule. Alex est l'un d'eux. Il ne cherche aucune compagnie hormis celle de Roly, son chien. À quelques kilomètres, une petite fille vêtue d'une robe bleue est assise à côté d'un touriste, sur un quai. Loin de Bangkok, un groupe d'amis célèbre un enterrement de vie de jeune fille où le vrai jeu est celui des attouchements. À la même heure, en Inde, une mère jette le foetus de son enfant dans un fleuve. Pendant ce temps, à Madrid, un policier enquête sur le suicide d'une adolescente. Énigmes qui restent à résoudre dans ce clair-obscur, et que la prouesse dramatique nous présente sous la forme d'un carrousel. Ce qui est certain, c'est qu'un chien méchant est à l'affût, toujours. Et que cette image mouvante tient dans un cadre fixe.
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La face B de la matière
Alberto Villarreal
- Actualites Editions
- Les Orfevres - Mexique
- 9 Novembre 2020
- 9791094225240
La Face B de la matière est un texte sur l'anarchie sous forme de documentaire scénique, où la rhétorique n'est qu'une métaphore de l'échec. L'anarchie comme politique et comme caprice de la matière dans le corps, l'anarchie du premier acteur de tous les temps : Lucifer. C'est un récit de la dévoration des êtres entre eux et aussi de leur formidable capacité à détruire toutes les espèces vivantes. C'est une fable sur la vengeance de tout ce que les humains tuent pour qu'existent l'imagination et la fiction. Il y est question d'une meurtrière à qui l'on transplante le coeur d'un ours polaire et qui part faire un road trip d'hôtel en hôtel, composant ainsi un opéra à l'intrigue simple et classique : un requin tombe amoureux d'une requine qui le repousse. Le requin lui apporte alors un petit bouquet de touristes ensanglantés en provenance d'une plage et chante tragiquement son amour. Enfin, c'est un récit sur ce que nous engloutissons et ce que nous recrachons, de la matière et des mots, pour combler le néant qui nous forme. La salle de théâtre où se joue la pièce devient alors l'un des protagonistes, un vide ancestral que les femmes et les hommes essaient sans cesse d'emplir.
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Toutes les nuits d'un jour
Alberto Conejero
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 12 Octobre 2020
- 9791094225226
Toutes les nuits d'un jour est un hymne à l'impossible amour. Aux dires de l'auteur, il s'agit d'un mélodrame vénéneux sur l'incapacité d'aimer après avoir souffert de violences sexuelles. Samuel, un jardinier, vit seul dans une serre, un îlot au milieu de lotissements modernes. Il répond à l'interrogatoire d'un agent de police à la recherche de Silvia, la propriétaire, dont le corps est enfoui sous la terre, et qui resurgit tel un fantôme. Mais que cache le drame de cette mort ? Une femme violée par son frère ? son impossible résilience ? Son unique désir est celui d'être enterrée par Samuel pour que la douleur qu'elle abrite se dissolve dans la terre et que son corps s'enchevêtre avec les racines des plantes, les sculptures vivantes de Samuel. Cette cosmogonie donne tout son sens à la pièce-palimpseste. La métaphore du noeud gordien qui souderait ces multiples vies et cette disparition, ce sont les racines des orchidées qui peuplent la serre et poussent au-dedans du coeur quand celui-ci ne peut plus respirer à l'unisson de l'être aimé. Comme dans tous les textes de Conejero, des puissances extérieures régissent nos existences. Elles sont enfouies dans la nature, qui doit bien reprendre ses droits.
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Les chiffonniers
Yerandy Fleites Pérez
- Actualites Editions
- Les Faconneurs - Cuba
- 7 Juin 2021
- 9791094225271
Les Chiffonniers est le texte d'une aube éternelle qui ne mène nulle part. Une pièce sombre sur la condition humaine, sur l'horreur. Une famille de chiffonniers (Hugo, Vilma et un bébé) assiste à la désintégration de son existence, enfermée dans un monde à peine visible aux yeux de ceux qui n'y vivent pas. Il semblerait que leur seule salvation soit personnelle, là où le néolibéralisme triomphe au milieu de l'accumulation des déchets que l'humanité accumule les uns sous les autres. En outre, l'imminence d'un mal plus grand pointe son nez et va provoquer l'émergence d'une autre scène qui érode son propre noyau : l'idée d'une mère qui tente de sauver son enfant, dont l'existence n'est pas même certaine, au milieu de rien. Le texte nous plonge au coeur d'une fantasmagorie contemporaine, de la folie. La première image de la douleur, du manque (le vide paradoxal d'une décharge), se double d'une deuxième image où ces êtres misérables jouent une performance, une comédie aussi, à eux-mêmes, telles des marionnettes. L'enfant n'y est qu'un poupon façonnant une tragédie où la conscience d'une destinée est vaine. La langue, abjecte et inutile, égrenée par un rythme de fanfare, essaie de nous dire le sentiment ineffable de vies minuscules.
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Snorkel
Albert Boronat
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 23 Novembre 2017
- 9791094225066
Le snorkel est un sport, à ce qu'on dit. Dans ce récit pour la scène, les personnages semblent revenir d'une fête lointaine et aquatique qui n'est que souvenir. Des voix, multiples et en écho, tentent, à l'instar des femmes et des hommes d'aujourd'hui, de sortir la tête de l'eau, tout en gardant le regard rivé sur la beauté des fonds marins. Parole et corps devraient, par la performance à venir, trouver un équilibre, grâce à la parfaite composition dramaturgique du texte. L'observation, sous forme kaléidoscopique, d'un paysage lacustre, d'un campement de touristes, d'un monastère où la modernité va se reposer, donne à voir une ascension où toutes et tous se cassent la figure, avec humour et réalisme. Les personnages ne sont pas toujours humains, n'ont pas toujours un nom, et ne partagent pas toujours le même temps, mais ils ont en commun la conscience de naviguer à la dérive en essayant de comprendre un monde que Snorkel compose dans un voyage vertical, de la profonde obscurité d'un lac jusqu'à la première colonie humaine sur Mars.
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Les nageurs de la nuit : fiction autobiographique de Jean G.
José Manuel Mora
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 6 Octobre 2016
- 9791094225028
Au sein d'un univers aquatique, les Nageurs de la nuit forment un Ordre secret, constitués d'hommes et de femmes écorchés, délaissés et souffrants. Tous cohabitent autour d'un lien qui les rassemble, celui de la solitude, de la violence, mais aussi celui de la joie. Ils forment une communauté unie mais secouée par l'effondrement de ses représentations habituelles. Damnés de l'amour, ils apparaissent telles des voix fragmentées, résonnant en un choeur contemporain. Les personnages deviennent le portrait d'un monde malade et morcelé, dans lequel l'innocence ne trouve plus sa place. Le sujet intime défie le politique tandis que le corps politique s'insinue dans l'intime. Dans la relation littéraire que l'auteur entretient avec le plateau, la littérature se situe dans le sillon des auteurs sud-américains, placée entre un langage métaphorique et une parole exclue de la réalité. La scène devient un lieu d'expérience poétique, dans lequel le temps et l'espace semblent flottants, à l'image de la déstructuration formelle du texte. L'écriture de Mora met en tension le spectacle incessant que chacun des personnages donne de soi au monde, mais aussi le moi déchiré des individus modernes.
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Délivre-toi de mes désirs
María Velasco
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 1 Novembre 2016
- 9791094225042
À l'heure où la question de l'altérité se pose plus que jamais, la découverte de l'autre se fait amoureuse, sexuelle et sociétale. En s'éprenant de Pap, sénégalais, le personnage de María interroge notre rapport au monde à travers le prisme ancestral de la famille. María décide d'explorer l'Afrique dans le cadre de voyages initiatiques, provoquant l'incompréhension de son entourage. Le détroit de Gibraltar, lieu de passage, devient le symbole de la quête personnelle et intrinsèque de ce qui constitue « l'Autre ». Dans ce voyage à rebours qui la mène à Lavapiés, le quartier madrilène le plus ethnique de la capitale, puis à Burgos, sa ville natale, María va désapprendre tout ce qu'elle a appris à ce jour. Dans ce questionnement des origines, la découverte du monde s'effectue au sein de méfiances quasi animales, faisant du corps et de sa sexualité un lieu de rencontres et de batailles incessantes. Intimité amoureuse, quête de soi et engagement politique sont étroitement liés, opposant réalité et fiction. Désincarnée et dédoublée par l'écriture, la voix de l'auteure trouve son écho dans le personnage de María, afin d'illustrer cette affirmation rimbaldienne : « Je suis l'autre ». D'une plume audacieuse, elle dresse le portrait de notre nature profonde d'animal social, que la pensée et la parole définissent à chaque instant.
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La maison brûle
Emilio García Wehbi
- Actualites Editions
- Les Fictions - Argentine
- 3 Janvier 2022
- 9791094225509
La Maison qui brûle s'appuie sur les motifs dramatiques de la célèbre pièce de Lorca pour faire du foyer familial un espace micro-fasciste clos sur lui-même. Bernarda, c'est la Mère nourricière qui empêche le désir, qui castre les vivants. Plus qu'une interprétation de la fable, ce texte propose un accès à des matériaux politiques et esthétiques dans le but de nous dévoiler les arcanes de notre société. C'est une réflexion poétique sur la domination, et dont la langue constitue la structure première. Les éléments dramatiques du poète andalou se voient confrontés à des produits pharmaceutiques, à des mythes grecs, aux textes de Claude Lévi-Strauss, à Fantaisies masculines du sociologue Klaus Theweleit, ou encore à L'Invention de l'hystérie de Georges Didi-Huberman. En outre, sa dramaturgie met en oeuvre l'univers visuel et textuel de l'artiste new-yorkais Henry Darger, la musique de Gustav Mahler ou le film américain Little Miss Perfect. Ces matériaux forment un dispositif dramaturgique qui permet de mettre en exergue - d'un point de vue dramatique - l'oppression du monde modélisé par le langage et le discours, la fiction y demeurant une interrogation. Fidèle à son style d'écriture franc, Emilio García Wehbi compose un nouveau paysage de l'oeuvre, un topos, qui selon lui définit le théâtre. Ainsi, les lecteurs doivent s'orienter par eux-mêmes car la notion d'origine, textuelle ou mythique, y est constamment déplacée par le truchement post-dramatique d'un dispositif à la frontière de l'art contemporain et du théâtre : seuls le regard et l'écoute du public seront en mesure de l'évaluer.
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Ici, ce n'est pas un endroit pour mourir
Albert Boronat
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 18 Août 2022
- 9791094225523
Ici, ce n'est pas un endroit pour mourir s'ouvre sur la découverte d'un cadavre, celui d'un chien par un jeune garçon, le narrateur. Cette collision psychique est prise en charge par la composition même de la pièce qui se déplie jusqu'à nous faire découvrir une famille empêtrée dans son drame, sa douleur, sa honte, son silence. Une famille qui a cru devoir travestir le décès de son fils par un voyage lointain, le transformer en secret. Une famille qui vit sur un cadavre et dont les relations s'intriquent dans la douleur du souvenir.
La disparition d'un fils dans un petit village et le secret qu'elle produit et abrite à la fois sont l'échafaudage du texte. Il est nécessaire de le franchir pour y découvrir la difficulté que tout un chacun vit pour s'entendre avec autrui, l'impossible relation apaisée avec le monde, le mutisme victorieux.
Ce n'est pas un texte sur le dévoilement du secret, mais sur les rumeurs du village, en son sein, la difficulté de prendre soin des siens. L'échec est au centre de tout, du monde et de soi. Tout est constat d'échec. Boronat écrit ce dernier, mais il ne lui attribue aucune résolution hormis des échos poétiques qui permettent au futur public et lectorat de voir l'impossible articulation des mondes qui nous constituent, autant socialement qu'au-dedans de nous-mêmes. -
Des rêveuses
Verónica Maldonado Carrasco
- Actualites Editions
- Les Orfevres - Mexique
- 18 Août 2022
- 9791094225561
Des rêveuses conte l'histoire universelle de la guerre à travers des figures de migrants, de leurs voyages intérieurs et géographiques à la fois. Deux couples s'y croisent, l'un cherchant à franchir la Méditerranée, l'autre le río Grande. Deux jeunes femmes y voient leurs rêves et parfois leurs cauchemars s'incarner, leurs espoirs se rencontrer. Lire Des rêveuses, c'est faire revivre en soi le théâtre très ancien et très jeune d'une identité partagée. L'identité, entendue comme substance mouvante, labile et instable, court dans le sang des personnages et des figures qui construisent cette fable dramatique : un Syrien n'est pas seulement un Syrien essayant d'échapper à la guerre, c'est la Syrie dans son ensemble, le monde musulman tout entier sur ses épaules, c'est Sinbad et le Coran. Une femme du Michoacán somnole dans un train vers l'incertitude du nord mais porte en elle la semence d'une nation future, une enfance nouvelle. Elle regarde, et par là même nous montre, la terre de son nouveau pays avec des yeux anciens, mythiques. Cette fable qui oscille entre onirisme et politique nous rappelle que nous sommes là où nous sommes parce qu'un jour, quelqu'un y a migré traversant les frontières, réelles et symboliques, de ses propres rêves et de ceux des autres.
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La plaza ; kultur : textes écrits pour El Conde de Torrefiel
Pablo Gisbert
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 28 Novembre 2022
- 9791094225691
LA PLAZA s'apparente à un texte-paysage où autrui constitue une image superficielle. Là est le paradoxe. Ainsi, les mécanismes narratifs, entre projections collectives et fantasmes personnels, structurent le lieu névralgique où se font face la conscience du monde, l'histoire et la projection vers un futur plus ou moins déjà vécu. Ces images puisent leur force dans une langue puissante dont les séquences s'imbriquent pour se retourner vers nous, individus esseulés dans l'océan d'une salle de théâtre alors devenue métaphore du monde.
KULTUR est un spin-off de LA PLAZA à partir d'une situation littéraire précise : c'est le soliloque d'une jeune romancière qui ne veut pas faire comme les autres, et pourtant, elle doit suivre les lignes tracées par les archétypes de notre monde contemporain : succès, désir, solitude et nature plastifiée. Cet enchâssement commence par le besoin qu'éprouve notre belle héroïne moderne de se vider la tête pour s'auto-contempler avant de se mettre à écrire. La fiction qu'elle dépeint, notamment le casting porno où elle est convoquée, se transforme en un miroir dans lequel elle bascule pour former sa propre image sur un futur plateau, celui du théâtre ou celui de la vie. -
La croix
Fernando Rodríguez Araya
- Actualites Editions
- Les Equilibristes - Costa Rica
- 16 Décembre 2022
- 9791094225714
La Croix est écrite à partir d'un fait réel : celui du massacre de la Cruz d'Alajuelita (1986), féminicide qui constitue un des épisodes les plus dramatiques de l'histoire criminelle du Costa Rica, et ce d'autant plus qu'aucune des enquêtes n'a jamais abouti. Ainsi, ce texte s'inscrit dans le cadre des dramaturgies contre l'oubli. Pour cela, quatre personnages : Luis et Isabel qui s'interrogent autant sur le sens de leur vie que sur celui dudit massacre ; parallèlement, Jorge, le détective en titre, et Gabriela - l'une des victimes - reconstruisent les faits depuis leur propre perspective, ce qui les mène sur des territoires de plus en plus flous où la vérité ne s'énonce pas clairement. Tout le texte est construit sur ce double précepte de la fabulazione, nous menant vers une origine lointaine et incompréhensible. C'est aussi une dramaturgie du simulacre où les personnages sont invités à imaginer ce qui s'est passé.
Elle est portée par une pièce musicale européenne, le Totentanz - Dies Irae de Frantz Liszt, convoquant une véritable polyphonie scénique. Il nous faut alors trouver notre propre place au milieu de cette désorientation. -
Trilogie de la révolution
Santiago Sanguinetti, Ana Karina Lombardi
- Actualites Editions
- Les Gravitations - Uruguay
- 16 Décembre 2022
- 9791094225677
Trilogie de la révolution est composée de trois pièces qui forment un ensemble polymorphe sur la condition humaine dans sa dimension progressiste. Le formidable maniement de l'humour nous y dévoile les grandes déceptions du siècle passé en relation avec l'idée de révolution.
Dans chacune de ces pièces, quatre personnages dans un espace clos, concentrique et centrifuge parodient les grands rêves d'individus assujettis à un régime supérieur. La langue, âpre, fait basculer la représentation vers des scènes invraisemblables de bêtise, permettant d'affirmer que la révolution nous dévore de l'intérieur, et qu'elle n'aura pas lieu.
- Argument contre l'existence d'une vie intelligente dans le cône Sud met en scène des étudiants qui planifient un triple attentat à la bombe contre des facultés de la région.
- Sur la théorie de l'Éternel retour appliquée à la révolution dans les Caraïbes, ce sont des soldats uruguayens à Port-au-Prince qui sont assiégés par des révolutionnaires armés.
- Dans Une brève apologie du chaos alimenté par la testostérone dans les rues de Manhattan, Benjamin part à Manhattan avec Nicolas, son grand-père, et Bélén, sa petite amie, pour perturber des recherches sur la génétique à l'université de Columbia. Mais comme souvent, les problèmes arrivent plus tôt que prévu... -
Je ne me souviens toujours pas de son visage
Itzel Lara
- Actualites Editions
- Les Orfevres - Mexique
- 9 Novembre 2020
- 9791094225257
Je ne me souviens toujours pas de son visage parle de notre attachement à la terre et à sa mémoire, de l'expropriation à l'expulsion. Sous forme de conte dramatique et d'hyperbole, la violence y est sans commune mesure, nous donnant à voir la dévastation du territoire mexicain. Jamais frontale, toujours avec délicatesse, l'oeuvre construit elle-même ses images bien qu'elle s'appuie sur un fait avéré, celui des villages dits magiques, pour composer un tableau autonome de son origine. Les personnages, abandonnés au milieu d'une guerre invisible sont victimes des narcotrafiquants. Les complices, eux, sont flous, moins tangibles. La routine du village de Mier est brisée lorsqu'une tête apparaît, littéralement, au bord d'une route, à titre d'avertissement. Elle parle mais ne se souvient plus de son âge. Elle est là depuis toujours dit-elle, cette tête. Elle est une preuve du crime organisé, et devient la protagoniste de ce drame de facture surréaliste qui rompt tous les codes de la vraisemblance pour nous mener dans un espace imaginaire où dignité et solitude vont main dans la main. Lara reprend le dispositif dramaturgique d'une oeuvre parlante, tout comme le programme gouvernemental « Magical town » destiné à stimuler le tourisme dans certaines villes.
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De la poésie, pas des enfants ! autour de Delmira Agustini
Marianella Morena
- Actualites Editions
- Les Gravitations - Uruguay
- 14 Juin 2021
- 9791094225219
De la poésie, pas des enfants ! est un récit dramatique autour de la figure de Delmira Agustini, célèbre poétesse uruguayenne, assassinée de deux balles dans la tête au début du siècle dernier par son époux, alors commissaire-priseur à Montevideo. La dramaturgie est ici celle d'un carrousel, diamétralement opposée à une conception linéaire du temps. Le premier acte relate l'assassinat de la poétesse. Au deuxième, les interprètes (la famille de Delmira, bourgeoise, et son mari, qui l'est moins) tentent de reconstruire l'espace intime et domestique du couple, les pièces du foyer, et comment l'homme et la femme s'y déplaçaient - tels des pantins -, pour reconstituer le meurtre et ses circonstances. En quoi les différences de sexe et de classe marquent-elles un combat qui ne prendra jamais fin ? La reconstitution, pourtant, est vaine. La réalité n'est pas reconstructible et la mémoire, bien qu'elle opère à partir d'empreintes externes, demeure subjective. Le dernier acte joue la mise aux enchères fictive des affaires personnelles de la poétesse. Que disent les objets de nos vies ? Le mécanisme hégémonique d'une vérité universelle est questionné par une dramaturge inquiète du sort fait au souvenir des femmes et des hommes, de l'humanité en somme et de ses travers.
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Ici dorment des cerfs
Nieves Rodríguez Rodríguez
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 6 Mai 2024
- 9791094225875
Ici dorment des cerfs aborde la crise migratoire européenne à l'été 2019, durant laquelle le navire Open Arms a erré au large de l'île de Lampedusa pendant dix-neuf jours.
L'événement, devenu célèbre tant par la presse que les réseaux sociaux, nous a donné à voir deux visions opposées d'une même réalité : côté mer, un groupe de migrants en fuite sur une embarcation, un radeau de la méduse contemporain ; côté terre, un père et son fils en bonne santé. La passerelle entre les deux, ce ne sont ni les forces policières ni celles humanitaires mais le regard poétique d'une fillette qui la forme.
En tant que spécialiste de l'exil et de ses langages historiques, la drama- turge extrait d'un fait avéré une langue poétique, avec un texte construit par stratification. En outre, et fort de ce principe de superposition, le texte met en jeu le conflit qu'engendrent les mi- grations contemporaines, elles-mêmes prises en otage par les réseaux so- ciaux, leur anonymisation et les nou- velles sémantiques qui en découlent hors contexte.
Les frontières (politique, sociale, psychique ou linguistique) se font réflexives pour questionner le public sur ce qui n'est pas lui et pourtant le constitue : son humanité.
II° prix SGAE Diosdado 2020 -
Brève histoire du chemin de fer espagnol
Joan Yago
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 6 Mai 2024
- 9791094225851
Brève histoire du chemin de fer espagnol est un regard perçant sur le pouvoir monarchique en Espagne et sa relation avec l'économie et l'industrie du chemin de fer depuis le XIXe. Le texte nous plonge, au-delà de l'actualité de la péninsule, vers les origines du capita- lisme espagnol et ses étroites relations avec la famille royale des Bourbons. Des portraits tout aussi invraisemblables que réels articulent ce récit qui avance au rythme de la locomotive à vapeur, moteur et symbole du changement.
Le pouvoir y est fondé sur le maillage d'une caste historique qui creuse sa propre tombe et autour de laquelle les groupes humains forment un choeur tragique incapable de mettre fin à la diatribe abusive des gouvernements de tous types.
D'un ton et d'un humour cinglants, cette pièce est la peinture d'un paysage, celui d'un mythe où les constitutions qui de- vraient protéger leurs citoyens ne sont rien d'autre qu'un arbre qui cache la forêt, obscure et dense. Pourtant, l'auteur se plaît à le décomposer, en dépliant les strates de l'histoire enfouies derrière les images et les belles paroles que l'on veut bien encore nous léguer sur la liberté et le renouveau démocratique. -
Étude de trois cauchemars d'un homme à la tête de chat
Bryan Vindas Villarreal
- Actualites Editions
- Les Equilibristes - Costa Rica
- 6 Mai 2024
- 9791094225837
Étude de trois cauchemars d'un homme à la tête de chat reprend les faits réels de trois féminicides survenus entre 1986 et 2006 au Costa Rica, dont celui du massacre de la Croix d'Alajuelita où sept femmes - dont six étaient des adolescentes et des enfants - ont été violées avant d'être assassinées. Ce texte propose des stratégies drama- turgiques radicales par le biais d'une mise en abîme du récit où sont intégrées des marionnettes elles-mêmes masquées. Étayé par des répliques dramatiques qui font honneur au dialogisme littéraire du roman, à des locutions sans corps, ce texte est structuré par des relations rhizomiques pour aborder l'impunité et l'enchevêtrement juridique de l'une des plus grandes affaires du système judiciaire costaricien. Un univers esthétique saturé de mythes, de rituels et de cauchemars s'y déploie à partir des éléments du film noir et d'êtres thériomorphes donnant voix à un choeur de témoignages qui aujourd'hui encore, restent sans réponse. La chasse à l'homme qui en découle s'inspire du Projet eDihS : « équipe D'investigation sur les homicides en Série », qui ne fait qu'attester de notre impuissance à désamorcer des images ancestrales toujours fuyantes.
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Au-dedans de la terre
Paco Bezerra
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 6 Novembre 2016
- 9791094225011
Au coeur de la terre andalouse s'érige un projet familial d'une importance fondamentale : un père de famille, propriétaire terrien, ambitionne de faire fortune par la culture massive de tomates. Ses trois fils tentent chacun d'y trouver une place, peinant à avancer sur leur propre voie. Le père, brutal et intransigeant, place ses espoirs les plus chers dans la culture de ses fruits, faisant fi de la portée morale de ses actes et de leurs conséquences. Le récit prend à partie une visée critique, mettant le doigt sur les travers de la nature humaine, encline à la quête du gain et du profit. Le fruit de la récolte se fait symbole, et se mue en une image sanguinolente de l'amour sacrifié et de ce qui est enkysté au plus profond de l'âme. En dénonçant le scandale politique d'une immigration exploitée, l'écriture tente de se frayer un chemin entre les entrailles de la terre afin de délivrer un message universel : celui de l'amour en lutte contre la discrimination et la servitude humaine.
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Quelque part, un corps
Gon Ramos
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 11 Mars 2019
- 9791094225165
Quelque part, un corps est le voyage - au sens littéral, onirique, vital et imaginaire - d'un jeune homme en quête du corps, de la parole et des yeux de celle avec qui il a passé, un jour lointain et proche à la fois, quelques heures. Cette rencontre, unique et irremplaçable, marque pour lui le début d'une rupture avec le monde dont il s'éloignera pour amorcer un nouveau chemin contre vents et marées. Cette quête se poursuit pendant des années et constitue un voyage chaotique mais à la matrice solide, au pattern inébranlable. C'est surtout celle d'un dialogue avec un autre personnage-figure aux multiples visages, un ange gardien qui égrène chacune des étapes de ce texte mystérieux. Guidé par le souvenir d'un regard qui fonde une vie entière et dont le corps absent creuse progressivement un lieu dans lequel chacune et chacun se love. Dans ce voyage à travers le temps et l'espace, l'énergie de la langue devient un point de fuite, un horizon à atteindre. Ce qui en ressort, c'est que fiction et réel sont assujettis à une croyance, une conviction : bien que nous soyons tous issus de ce creux, de ce lieu où se trouve l'amour, nous le fuyons autant que nous y revenons sans cesse.
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Petites pièces désabusées
Guillermo Heras
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 2 Décembre 2019
- 9791094225172
Petites pièces désabusées (sélection) constitue une géographie réelle et fictive, marquée par des situations qui donnent lieu à notre désolation quotidienne. Non sans humour, une voix narrative se déploie à travers différents récits qui sont rarement en lien avec les grands sujets de l'histoire souvent considérés comme transcendants. Ainsi, nous nous confrontons à des situations apparemment anecdotiques qui bloquent nos vies et nous empêchent d'être en osmose avec nos désirs. C'est alors que commence le drame de notre solitude. Le style de ces récits, qui fonctionnent pour la plupart à partir d'une voix intérieure, nous renvoie à une sorte d'Intranquillité, d'agitation calme en surface. Les personnages affrontent leurs fantômes, leurs contradictions, et aussi les pièges de leur propre parole. La réalité, hostile, nous interroge inlassablement sur nous-mêmes et nos représentations, faisant de nous des petites marionnettes. L'ironie est une clef essentielle pour lire cette mosaïque de textes entrelacés et entendre le murmure des voix qu'ils abritent. Des textes à déplier donc, pour y retrouver des êtres incomplets, insatisfaits et fragiles face à la brièveté du temps. L'horizon n'est sans doute pas si infini que l'on veut bien nous le faire croire.