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Le Seuil
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Laëtitia ou la fin des hommes
Ivan Jablonka
- Le Seuil
- La Librairie Du Xxie Siècle
- 25 Août 2016
- 9782021291209
Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, Laëtitia Perrais a été enlevée à 50 mètres de chez elle, avant d'être poignardée et étranglée. Il a fallu des semaines pour retrouver son corps. Elle avait 18 ans.Ce fait divers s'est transformé en affaire d'État : Nicolas Sarkozy, alors président de la République, a reproché aux juges de ne pas avoir assuré le suivi du « présumé coupable », précipitant 8 000 magistrats dans la rue, en février 2011. Mais Laëtitia Perrais n'est pas un fait divers. Comment peut-on réduire la vie de quelqu'un à sa mort, au crime qui l'a emporté ? Pendant deux ans, Ivan Jablonka a rencontré les proches de la jeune fille, sa soeur jumelle, ses parents, ses amis, les responsables des services sociaux, ainsi que l'ensemble des acteurs de l'enquête, gendarmes, juges d'instruction, procureurs, avocats et journalistes, avant d'assister au procès du meurtrier, en octobre 2015. De cette manière, Ivan Jablonka a pu reconstituer l'histoire de Laëtitia. Il a étudié le fait divers comme un objet d'histoire, et la vie de Laëtitia comme un fait social. Car, dès sa plus jeune enfance, Laëtitia a été maltraitée, accoutumée à vivre dans la peur, et ce parcours de violences éclaire à la fois sa fin tragique et notre société tout entière : un monde où les femmes se font harceler, frapper, violer, tuer.
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Passionnée par la grande énigme du Grêlé ayant mis en échec la brigade criminelle de Paris durant un tiers de siècle, experte ès fait divers, Patricia Tourancheau qui suit l'affaire depuis les années 90, la retrace sous ses multiples facettes à coups de documents inédits et de témoignages de première main. Victimes directes ou collatérales, frères et parents, enquêteurs de deux générations, détectives, citoyens, ayant subi ou traqué ce criminel XXL, collègues et proches qui l'ont côtoyé, ils ont accepté de lui parler. Elle en tire un récit haletant et terrifiant sur l'une des plus grandes énigmes des dernières décennies, enfin résolue avec l'identification de ce serial killer hors du commun.
Sa connaissance approfondie des procès-verbaux et du déroulé des investigations lui permet de revenir sur les loupés de l'enquête et de dévoiler toutes les étapes de sa résolution. Elle détaille, pour la première fois, l'intégralité de la traque aux trousses du Grêlé, ce tueur et violeur en série, de fillettes et d'adultes, ayant sévi dans la capitale de 1986 à 1997 sans jamais être arrêté... Et pour cause, cet agresseur qui se présentait à des victimes comme un flic, l'était bel et bien. Tapi au sein de l'institution, ce gendarme de la Garde républicaine à Paris dans les années 80, devenu policier motocycliste, avait fini par se ranger dans le Sud. Mais rattrapé par son passé, François Vérove se suicide le 27 septembre 2021, à l'âge de 59 ans. Cet ouvrage raconte aussi la double personnalité de ce militaire nordiste, bon père de famille, mais redoutable pervers, notable insoupçonnable, jamais fiché, indétectable de ses collègues de la Crim'.
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De mai à juillet 2004, s'est tenu à Saint-Omer le procès de l'affaire Outreau : 17 personnes accusées de faire partie d'un réseau de pédophilie. Elles sont présentées comme de vrais monstres, qui vendent des enfants, les violent et parfois les tuent. Il y a là des notables, un huissier et sa femme qui vient en tailleur à des orgies dans une Cité HLM, un curé qui tient en laisse un berger allemand lubrique, une boulangère qui fait trafic de cassettes pédophiles en Belgique sous ses cartons de confiseries. Parmi ces accusés, 13 se disent innocents. Ils sont dénoncés par les 4 autres, deux couples de voisins. Mensonges ou vérité ? Qui est coupable ? Qui est innocent ? S'agit-il d'un réseau international ou d'un huis clos entre voisins ? Au fil de l'audience, le procès se retourne en une sorte d'affaire Dreyfus, version RMI et au cinquième sans ascenseur.
Le déroulement du procès devient une manière de revisiter les rebondissements de l'enquête, les méthodes des services sociaux, la vie à la Tour du Renard, quartier d'Outreau, ou de brosser les portraits de 17 accusés pris dans le tourbillon de l'affaire. Sept d'entre eux seront finalement acquittés. Dans une sorte de pirouette, ces ex-monstres seront sacrés "innocents nationaux" par le ministre de la justice qui les reçoit en grandes pompes. Six des condamnés ont fait appel.
Au delà de l'erreur judiciaire, l'affaire d'Outreau est devenu le révélateur des fantasmes et des peurs de notre époque. Le juge avait raison: Outreau est bien" l'affaire du siècle", le nôtre.
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Mediapart : 15 grandes enquêtes
Fabrice Arfi, Michael Hajdenberg
- Le Seuil
- Enquête De Sens
- 2 Juin 2023
- 9782021538137
Ce livre est né d'une conviction forte sur laquelle s'est créé Mediapart il y a maintenant quinze ans : le journalisme, ce n'est pas avoir des opinions ; c'est avant tout un métier, un artisanat, qui consiste à trouver et exposer des faits permettant d'éclairer le débat public. Pour y parvenir, rien de tel que l'enquête, son temps long, sa méthode et ses rudesses. L'ouvrage reprend, synthétise et approfondit quinze enquêtes emblématiques, qui ont forgé l'ADN du journal et dont les échos ont marqué durablement la société. La rédaction dévoile ici les coulisses de ces enquêtes exceptionnelles, mais en mesure aussi l'impact, qu'il soit politique, institutionnel, législatif, sociétal, fiscal, etc. Quel a été le déclencheur de ces investigations ayant fait tomber des ministres, trembler des présidents et qui ont déstabilisé de grandes entreprises ? Quels doutes ont traversé les journalistes pendant leurs recherches ? Quels obstacles a-t-il fallu surmonter ? Comment faire face aux campagnes de communication hostiles que la rédaction doit souvent affronter ? Toutes ces enquêtes contiennent des informations qui n'auraient jamais été connues du public sans le travail de Mediapart.
Sous la direction de Fabrice Arfi et Michaël Hajdenberg, coresponsables du pôle Enquête de Mediapart.
Les 15 enquêtes de ce livre ont été sélectionnées à partir d'un sondage en ligne où les participants ont pu voter, parmi 100 propositions, pour celles qu'ils voulaient voir publiées. -
Faute de preuves : enquête sur la justice face aux révélations #metoo
Marine Turchi
- Le Seuil
- Hors Collection Seuil
- 10 Novembre 2021
- 9782021483567
Depuis la vague #MeToo, les dossiers de violences sexuelles se multiplient. Dans les commissariats, à la barre, les victimes tentent de faire entendre leur parole. Mais la réponse policière et judiciaire n'est pas toujours à la hauteur. Les institutions sont mises en cause : de l'accueil défaillant au moment de la déclaration aux non-lieux trop souvent prononcés, on leur reproche leur inadaptation, voire leur indifférence. « La justice nous ignore, on ignore la justice », avait lancé Adèle Haenel au nom de toutes celles et ceux qui ne portent pas plainte de peur de s'engager dans un parcours du combattant. C'est cette formule qui a guidé Marine Turchi dans une enquête saisissante sur les raisons de la défiance.
Forte du témoignage de près de quatre-vingts interlocuteurs, des magistrat·e·s, des avocat·e·s, des policier·e·s, mais aussi des femmes et des hommes de tous les milieux sociaux, protagonistes d'affaires médiatisées (Gérald Darmanin, Luc Besson, Roman Polanski...) ou pas, l'autrice pointe les obstacles que rencontrent ces dossiers et mesure, sur le terrain, l'impact des politiques affichées. Chemin faisant, elle contrecarre les arguments de ceux qui dénoncent opportunément un « tribunal médiatique » et crient à la « chasse à l'homme », mais montre aussi les limites de ce que peut la justice. Ainsi au fil de chapitres qui font alterner coulisses de l'enquête et récits poignants, c'est bien le système dans son entier qu'elle nous dévoile. Il appartient à toutes et à tous, ensuite, de le changer.
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La haine ordinaire : des vies percutées par le racisme
Collectif
- Le Seuil
- Enquête De Sens
- 5 Mai 2023
- 9782021535938
Un village de Justes où l'installation d'un entrepreneur prénommé Yassine déclenche les pires rumeurs, jusqu'à un incendie ; une fanfare étudiante où Jonas, appelé « le Juif », est sommé de « bouffer » un coeur de porc ; une mère rom accusée à tort de frapper son enfant ; deux jeunes hommes noirs lynchés lors d'une fête de village...
À travers une sélection d'histoires singulières, ce livre donne la parole aux victimes de racisme, invisibilisées et toujours assignées à la « discrétion ». Toutes décrivent à quel point le racisme, l'antisémitisme et l'islamophobie se diffusent dans la société, percutent les corps, s'immiscent dans les quotidiens, fragilisent les intimités. Quels circuits cette haine a-t-elle empruntés ? Où sont les responsabilités politiques ? Et pour chaque agression, chaque insulte, comment la justice réagit-elle ?
Ces enquêtes, publiées initialement dans la série de Mediapart « Chroniques de la haine ordinaire », sont suivies d'entretiens inédits avec des spécialistes (sociologues, historien·nes, etc.) qui éclairent la mécanique raciste et donnent des pistes pour la combattre.
Dix journalistes et collaborateurs réguliers de Mediapart signent cet ouvrage sous la direction de Mathilde Mathieu, responsable du service Société. -
Vingt ans se sont écoulés depuis l'ouverture du procès de « l'affaire d'Outreau » à Saint-Omer, une des plus célèbres affaires pénales d'agressions sexuelles sur seize mineurs impliquant dix-sept adultes. Fait sans précédent, à l'issue du procès en appel qui a eu lieu à Paris, le président Jacques Chirac a présenté les « regrets et excuses » de l'État à douze de ces adultes longtemps incarcérés, finalement acquittés. L'affaire d'Outreau a divisé l'opinion en deux camps irréconciliables, et mis le feu aux médias. La nuance a disparu du champ de vision.
Sans rien éluder, ce livre s'appuie sur l'examen minutieux des 20 000 pages du dossier d'instruction, des dossiers périphériques, d'autres pièces, parfois inédites, et sur le récit détaillé, heure par heure, du procès. Il permet de comprendre enfin la complexité des faits, d'en rectifier certains, de déceler les incohérences et les failles de l'enquête, de mieux appréhender la souffrance des enfants victimes, mais aussi de mettre au jour nombre d'éléments jamais révélés auparavant. Il était temps.
Auteur de plusieurs romans noirs (Tout (ce que je sais) vient du noir, La Voix des maisons) et d'un récit alarmiste sur le monde nucléarisé (Ma vie atomique), Jean Songe, enquêteur libre, a publié dans la même collection Sodexo. La gloutonne (2021). -
Droit constitutionnel et institutions politiques
Guillaume Tusseau
- Le Seuil
- 27 Septembre 2024
- 9782021561463
Ce manuel de droit constitutionnel couvre l'ensemble du programme de première année en faculté de droit ou à Sciences Po. En quarante et un chapitres courts, vivants, nourris de nombreuses données facilement lisibles par de multiples tableaux et graphiques, il offre un outil indispensable à ceux qui entrent dans l'enseignement supérieur.
Au-delà, il traite de la démocratie, de notre histoire, de la France d'aujourd'hui d'une façon originale. L'horizon s'élargit avec l'examen de grands pays trop méconnus, tels le Japon, l'Inde ou la Chine. Il propose donc un moyen sans équivalent d'enrichir sa culture juridique et politique.
La démocratie moderne est vue dans sa double composante, gouvernante et délibérante. Un récit animé rend compte de l'étonnante histoire constitutionnelle de la France. Sont analysés en contrepoint les systèmes politiques d'une dizaine d'autres régimes, ce qui permet de proposer un modèle d'explication du fonctionnement du pouvoir. La seconde moitié de l'ouvrage analyse l'originalité du pouvoir politique en France. Son attribution, ni à l'américaine ni à l'européenne, mais dans un curieux mélange des deux. Son exercice, cas unique de « présidentialisme démocratique ». Sa limitation, interne, par la distinction entre les pouvoirs qui se renforce, externe, par la démocratie locale ou le développement de l'Union européenne.
La présente édition, dont plusieurs chapitres ont été entièrement refondus, intègre les développements les plus récents dans le vaste ensemble des pays étudiés et en France. -
Le magot ; Fourniret et le gang des Postiches : mortelle rencontre
Patricia Tourancheau
- Le Seuil
- 7 Mars 2019
- 9782021419825
Comment imaginer que la trajectoire de Michel Fourniret, serial killer et pédophile, percuterait un jour celle du gang des Postiches, la plus célèbre équipe de braqueurs des années 1980, pour écrire l'une des pages les plus incroyables de la criminalité en France ? Rien ne laissait présager en effet que le destin d'un voyou « politique » breton allait basculer, dans une cellule de Fleury-Mérogis, au contact de l'Ogre des Ardennes, lors d'une alliance de circonstances pour récupérer le butin des Postiches. Enfin, aucun élément ne laissait penser qu'une journaliste, Patricia Tourancheau, ferait le lien entre ces différentes affaires qu'elle suivait et découvrirait l'origine du magot de Fourniret. Et pourtant, c'est ce qui est arrivé.
Car derrière les barreaux se scellent des rencontres impromptues entre détenus d'horizons divers, qui passent leur temps à échafauder des projets d'évasion et des « plans thunes ». Et si les Postiches voulaient conjurer la misère et flamber comme des nouveaux riches, l'ouvrier ardennais, devenu chasseur de vierges, qui a détourné leur magot, a préféré s'acheter des camionnettes destinées à enlever des petites filles, et un château digne de Barbe bleue afin d'enterrer leurs corps. Pendant que les Postiches désargentés pleuraient leur trésor...
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Les forces imaginantes du droit Tome 1 ; le relatif et l'universel
Mireille Delmas-Marty
- Le Seuil
- La Couleur Des Idées
- 24 Septembre 2004
- 9782020678490
Ce volume inaugure la publication des cours au Collège de France de Mireille Delmas-Marty qui comprendra trois ou quatre volumes regroupés sous le titre générique Les forces imaginantes du droit. Par cette discrète référence à Bachelard qui invoquait les « forces imaginantes de l'esprit », Mireille Delmas-Marty entend résumer l'axe majeur de ses recherches : le droit, qui n'a pas su désarmer la force, se trouve néanmoins aujourd'hui face à une mutation sans précédent qui voit se superposer normes nationales, régionales et internationales. Il se doit dès lors de penser à la fois le particulier et l'universel, d'incorporer la part d'indétermination qui lui est constitutive ou encore de mesurer la force créative de ce « flou » qu'il génère.
Le premier volet de cette étude, Le relatif et l'universel, analyse les approches relativistes et universalistes du droit à l'épreuve des débats les plus contemporains : les crimes contre l'humanité, le nouvel ordre juridique né
de la mondialisation (Organisation mondiale du commerce, développement d'Internet), le Tribunal pénal international, le terrorisme, le clonage, l'avenir écologique de la Planète, la société du risque, etc. Le propos de Mireille Delmas-Marty n'est nullement de privilégier le point de vue des uns ou des autres mais au contraire de montrer comment il est aujourd'hui nécessaire de penser à la fois les irréductibles diversités et l'unité de l'ordre juridique international. Bref, un « pluralisme ordonné » pour prévenir la double menace d'un ordre hégémonique ou d'un désordre impuissant.
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Coups de barre ; justice et injustices en France
Dominique Simonnot
- Le Seuil
- 7 Novembre 2019
- 9782021432459
Le miroir effarant de la justice ordinaire par une plume du Canard enchaîné Vite. C'est le mot d'ordre des comparutions immédiates, héritières des légendaires «flagrants délits», les flags. La règle est simple : un délit, une arrestation, un jugement immédiat. Les audiences se prolongent tard dans la nuit. Voleurs, époux violents, sans-papiers, dealers, toxicos et cambrioleurs défilent. Ceux qui ont, encore une fois, bu un coup de trop, ou insulté un policier. Des malades mentaux aussi, et maintenant des Gilets jaunes. Tous défendus par des avocats commis d'office qui n'ont eu que quelques minutes pour examiner le dossier.
Dominique Simonnot observe depuis vingt ans ces « chambres de la misère ». Dans ses récits vifs et impertinents, rien n'est inventé, elle raconte les audiences sans les travestir, comme autant de scènes de théâtre où se confrontent et se toisent procureurs, prévenus et avocats sur un mode tragi-comique.
Un précipité de la société française, avec ses douleurs et ses failles. « Justice de classe », n'est-ce pas Monsieur le Président ?
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* Édition établie par Olivier Cayla, Jacques Chiffoleau, Marie-Angèle Hermitte
et Paolo Napoli.Yann Thomas, historien du droit romain, fut le juriste le plus
sensible à ce qu'il appelait les « opérations du droit ». L'expression renvoie
à l'invention de techniques ayant la capacité de mettre en rapport les
personnes et les choses et d'imaginer ainsi une architecture du monde social.
Ces techniques qu'il avait dégagées de l'analyse d'une grande diversité de
sources, textuelles comme matérielles, sont au sens propre du terme des outils
qui s'émancipent des événements qui les ont suscités et n'ont, à ce titre, rien
perdu de leur actualité : à l'inverse de la temporalité des règles de droit, le
temps des opérations est un temps long. Ce recueil d'articles écrits entre 1986
et 2006 a été divisé en deux grands moments. Le premier est consacré au fait
d'instituer. Contrairement au récit mythique, la cité et la nature sont
également, l'une et l'autre, instituées par le droit, dont la capacité à
réinventer le réel par des artifices, est mise en lumière. Dans une deuxième
partie, c'est par la mise en scène de cas limites et d'exceptions que Yann
Thomas parvient aussi à dégager les règles de l'ordinaire. Les notions de temps
et de fiction deviennent les complices de ce projet intellectuel où le droit
est conçu comme un instrument pour penser autre chose que le droit. * Yann
Thomas, décédé en 2008, est considéré comme le plus grand historien du droit
romain français. Il était directeur d'Études à l'École des hautes études en
sciences sociales (EHESS).
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Les forces imaginantes du droit Tome 2 ; le pluralisme ordonné
Mireille Delmas-Marty
- Le Seuil
- La Couleur Des Idées
- 16 Février 2006
- 9782020839327
Crise européenne, enlisement des réformes onusiennes, difficultés à mettre en place le protocole de Kyoto ou la Cour pénale internationale, tensions entre droits de l'homme et droit du commerce : le paysage juridique de ce début du XXIe siècle est dominé par l'imprécis, l'incertain, l'instable. Nous sommes à l'ère du grand désordre : celui d'un monde tout à la fois fragmenté à l'excès par une mondialisation anarchique et trop vite unifié par une intégration hégémonique, dans le silence du marché et le fracas des armes. Comment y construire un ordre sans l'imposer, comment, par-delà le relatif et l'universel, admettre le pluralisme sans renoncer à un droit partagé ? Ni fusion utopique ni autonomie illusoire, le « pluralisme ordonné », véritable révolution épistémologique, est l'art de dessiner un espace juridique commun, par un équilibrage progressif qui préserve la diversité du monde et en accompagne le mouvement. Car les forces imaginantes du droit doivent pouvoir, à défaut d'instaurer un ordre immuable, inventer une harmonisation souple, propre à laisser espérer la refondation de valeurs communes.
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Résister, responsabiliser, anticiper
Mireille Delmas-Marty
- Le Seuil
- Debats
- 10 Janvier 2013
- 9782021085792
Ce livre est né d'une interrogation sur le rôle du droit face aux effets de la mondialisation. D'un côté, celle-ci renforce l'humanisme juridique par le développement international des droits de l'homme, la reconnaissance des biens publics mondiaux, l'affirmation d'un droit humanitaire et d'une justice pénale internationale. Mais de l'autre, elle le menace par le durcissement du contrôle des migrations, l'aggravation des exclusions sociales, la multiplication des atteintes à l'environnement, la persistance des crimes internationaux les plus graves ou les risques d'asservissement engendrés par les nouvelles technologies.
À force d'être invoquée à tort et à travers sans être pour autant mieux appliquée, la ritournelle humaniste, n'annonce-t-elle pas, en réalité, la mise à mort de l'humanisme juridique ?
À moins d'inventer un nouvel humanisme, ou plutôt de se projeter dans l'avenir en faisant le pari, utopique mais réaliste, qu'il est possible d'humaniser la mondialisation autour de trois objectifs : résister à la déshumanisation, responsabiliser ses acteurs, anticiper sur les risques à venir.
Tel est l'esprit qui anime ce livre de combat.
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Secrets de flic ; guerre des polices, stups et mafia, l'ex-patron de la PJ raconte
Bernard Petit
- Le Seuil
- 16 Mai 2018
- 9782021378658
« Lorsque j'ai été contraint de prendre ma retraite, j'étais le patron du 36 quai des Orfèvres. Le 3 février 2015, au petit matin, tout bascule. Des fonctionnaires de la police des polices débarquent dans mon bureau pour me signifier ma garde à vue. Quarante-huit heures plus tard, je suis mis en examen, soupçonné d'avoir violé le secret d'instruction d'une affaire sans intérêt, sur la foi d'un seul témoignage que je conteste. A la sortie du conseil des ministres, Bernard Cazeneuve m'exécute en direct : il me suspend immédiatement de mes fonctions. A peine quelques semaines plus tôt, le ministre de l'Intérieur m'appelait par mon prénom et me félicitait publiquement. J'avais été l'un des premiers à entrer dans les locaux de Charlie-Hebdo, ce funeste 7 janvier 2015. Avec mes hommes, j'ai organisé la traque des frères Kouachi et pisté Coulibaly. J'ai donné l'assaut contre l'Hyper Cacher ».
Comment comprendre la chute si brutale du commissaire Bernard Petit ? Toute sa carrière peut en témoigner : il était ce qu'on appelle « un grand flic ». Avant de diriger le 36, il a contribué à démanteler la « Chinese connection » puis fait tomber les plus puissants réseaux de trafiquants de drogues ; il s'est aussi attaqué aux délinquants en col blanc quand il était en charge de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière. Alors pourquoi est-il tombé ?
Filatures haletantes, guerres des polices, courses-poursuites et arrestations musclées, Bernard Petit nous entraine dans les méandres de ses plus grandes enquêtes et dévoile les secrets qui font l'ordinaire et l'extraordinaire d'une vie de flic.
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Libertés et sûretés dans un monde dangereux
Mireille Delmas-Marty
- Le Seuil
- La Couleur Des Idées
- 18 Février 2010
- 9782021005363
Ce volume, fondé sur le cours prononcé par l'auteur au Collège de France en 2009, prend pour point de départ la loi française de février 2008 sur la « rétention de sûreté ». Celle-ci autorise le maintien en détention d'un condamné après exécution de sa peine, s'il est jugé « dangereux ». Ainsi ont été posées les bases d'une rupture entre culpabilité, responsabilité et sanction, entraïnant, de ce fait, un bouleversement du droit pénal. Comment en est-on arrivé là ? Telle est la question que pose Mireille Delmas-Marty qui y voit un effet indirect du 11 septembre 2001, lequel a libéré les reponsables politiques de l'obligation de respecter les limites de l'état de droit.Une réflexion sur la confusion des repères à l'ère de l'internationalisation du droit.
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Les forces imaginantes du droit Tome 3 ; la refondation des pouvoirs
Mireille Delmas-Marty
- Le Seuil
- La Couleur Des Idées
- 18 Janvier 2007
- 9782020912501
Rejet du Traité constitutionnel européen, tentatives avortées de réforme à l'ONU, difficultés à l'OMC : l'organisation des pouvoirs est en crise. A l'heure de la mondialisation, l'Etat-nation souverain n'est plus la source de tout pouvoir, mais il n'est pas destiné à disparaître et la montée en puissance des juges accompagne la fragmentation des pouvoirs législatif et exécutif. Pour esquisser les contours d'une future gouvernance globale, il faut donc repenser l'articulation entre compétences nationales et internationales. L'ordre mondial ne se limitera cependant pas aux institutions politiques et juridiques traditionnelles. La refondation passe aussi par un rééquilibrage entre acteurs économiques (les entreprises) et acteurs civiques (organisations non gouvernementales), sans négliger l'importance, au croisement des savoirs, d'une mondialisation des acteurs scientifiques - savants et experts : elle appelle une démocratisation que le développement de l'Internet laisse espérer sans la garantir. Réinstituer les pouvoirs suppose donc un dialogue avec les vouloirs et les savoirs. C'est à cette condition que pourrait être inventé un état de droit à l'échelle planétaire.
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Les forces imaginantes du droit Tome 4 ; vers une communauté de valeurs
Mireille Delmas-Marty
- Le Seuil
- La Couleur Des Idées
- 3 Février 2011
- 9782021039627
Ce volume, le dernier des Forces imaginantes du droit (cours professé au Collège de France durant quatre années), s'attache à l'examen d'une question : comment oser parler de communauté de droit à l'échelle d'une planète livrée aux affrontements, à la violence et à l'intolérance ? Et comment concevoir les contours d'une communauté de valeurs par delà la diversité des cultures et l'opposition des intérêts. Explorant d'une part les interdits fondateurs, d'autre part les droits fondamentaux, Mireille Delmas-Marty n'entend pas éradiquer les différences mais relativiser le relativisme. À la recherche d'une unité de sens, dans la perspective d'un humanisme nouveau, pluriel et ouvert, elle montre que le droit peut contribuer à nourrir l'idée de bien commun.
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Concerter les civilisations ; mélanges en l'honneur d'Alain Supiot
Collectif
- Le Seuil
- 25 Juin 2020
- 9782021440577
Cet ouvrage rend hommage à Alain Supiot et à son travail. Celles et ceux qui écrivent ici sont des compagnons de voyage de l'Institut d'études avancées de Nantes ; certains l'ont accompagné depuis sa création, tandis que d'autres sont montés à bord plus tard. Plutôt que d'imposer une structure au livre, nous avons choisi l'ordre alphabétique des noms des auteurs. Deux consignes seulement ont été fournies. La brièveté d'abord - quelques dizaines de pages tenues par un nombre de mots. L'absence de notes ensuite, pour livrer des textes de plain-pied. Restait, pour évoquer le monde d'Alain Supiot, à trouver une boussole. Nous n'avons cette fois indiqué qu'une direction, qui donne à ce volume son titre : Concerter les civilisations.
Samantha Besson est professeure au Collège de France et à l'Université de Fribourg (Suisse). Elle est membre du conseil scientifique de l'IEA de Nantes.
Samuel Jubé est professeur associé à Grenoble École de Management. Il est membre permanent de l'IEA de Nantes, dont il a été successivement secrétaire général et directeur.
Ont contribué à cet ouvrage : Mohammad Ali Amir-Moezzi ; Perry Anderson ; Augustin Berque ; Samantha Besson ; José Emilio Burucúa ; Sudhir Chandra ; Roger Chartier ; Emilios Christodoulidis ; Cristina Ciucu ; Benoît de Cornulier ; Simon Deakin ; Mireille Delmas-Marty ; Souleymane Bachir Diagne ; Abaher El Sakka ; Muriel Fabre-Magnan ; Matthew Finkin ; Matthieu Forlodou ; Étienne François ; Mark Freedland ; Adrián Goldin ; Cornélia Isler-Kerényi ; Samuel Jubé ; Jean Lassègue ; Yannick Lemarchand ; Ota de Leonardis ; Danouta Liberski-Bagnoud ; Giuseppe Longo ; Charles Malamoud ; Pierre Maréchaux ; Annie Montaut ; Suleiman A. Mourad ; Pierre Musso ; Pierre-Yves Narvor ; Joachim Nettelbeck ; Jeseong Park ; Jean-Noël Robert ; Supriya Routh ; Yehouda Shenhav ; Ousmane Oumarou Sidibé ; Petros Stangos ; Victor I. Stoichita ; Ibrahima Thioub ; Aiqing Zheng.
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Droit constitutionnel et institutions politiques
Olivier Duhamel
- Le Seuil
- 12 Février 2009
- 9782020991001
Ce manuel de droit constitutionnel couvre l'ensemble du programme de première année des étudiants en faculté de droit ou à sciences po.
Il offre donc un outil indispensable pour ceux qui entrent dans l'enseignement supérieur. au-delà, il traite de la démocratie, de notre histoire, de la france d'aujourd'hui d'une façon originale. l'horizon s'élargit avec l'examen de grands pays trop méconnus, tels l'inde ou le japon. il propose donc un moyen sans équivalent d'enrichir sa culture juridique et politique. la démocratie moderne est vue dans sa double composante, gouvernante et délibérante.
Un récit vivant rend compte de l'étonnante histoire constitutionnelle de la france. sont analysés en contrepoint les systèmes politiques d'une dizaine d'autres démocraties, ce qui permet de proposer un modèle d'explication du fonctionnement du pouvoir. la seconde moitié de l'ouvrage analyse l'originalité du pouvoir politique en france. son attribution, ni à l'américaine ni à l'européenne, mais dans un curieux mélange des deux.
Son exercice, cas unique de " présidentialisme démocratique ". sa limitation, interne, par la distinction entre les pouvoirs qui se renforce, externe, par la démocratie locale ou le développement de l'union européenne. en trente-huit chapitres courts, vivants, nourris de nombreuses données facilement lisibles par de multiples tableaux et graphiques, l'auteur marie sa rigueur d'enseignant-chercheur avec ses talents de conteur, vif et précis, au service du savoir.
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On se fait la bise ? le guide international des bonnes manières
Mark Mccrum
- Le Seuil
- 30 Avril 2008
- 9782020974981
Les bonnes manières échappent encore à la mondialisation : on se salue différemment à Pékin et à New York, certains gestes flatteurs chez nous sont injurieux ailleurs, on reçoit les cadeaux ici d'une main, là des deux, les chrysanthèmes ne sont pas des fleurs de cimetière sur tous les continents, les heures de repas relèvent de spécificités nationales, et il est fortement déconseillé d'offrir une pendule à un Chinois.
Faut pas, faux pas : un guide ludique du savoir-vivre pour apprendre ce qu'il ne faut ni dire ni faire à l'étranger.
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L'ennemi de tous ; le pirate contre les nations
Daniel Heller-Roazen
- Le Seuil
- La Librairie Du Xxie Siècle
- 14 Janvier 2010
- 9782020993401
Ce livre part d'un seul et unique fait juridique dans l'histoire de l'Occident : le pirate est le prototype de « l'ennemi de l'humanité ».Longtemps avant les droits de l'homme, avant les organisations humanitaires, avant la codification du droit international par les penseurs des Temps Modernes, les hommes d'état de la Rome antique voyaient en lui « l'ennemi de tous ». Comme Cicéron en a fait un jour la remarque, il existe des adversaires avec lesquels un état de droit peut faire des guerres, signer des traités et, si les circonstances le permettent, cesser les hostilités. Ce sont les justes belligérants de l'autre camp, qui, étant par principe les égaux des combattants de la puissance publique, peuvent toujours prétendre à certains droits. Mais il y a aussi un autre type d'ennemi : un adversaire injuste, indigne de tels droits. C'est le pirate, que Cicéron appelle, pour cette raison, « l'ennemi commun à tous ».Plus tard, aux Temps Modernes, les philosophes du droit et de la politique ont fait un pas de plus. Ils ont élaboré une idée que l'on peut, historiquement, rattacher en droite ligne à celle de « pirate » : la notion d' « ennemi de l'humanité », qui nous est aujourd'hui si familière à tous.Dans ce livre, Daniel Heller- Roazen propose une généalogie de cette idée, cernant les diverses conditions juridiques, politiques et philosophiques dans lesquelles il a été possible de concevoir un sujet aussi exceptionnel qu'un « ennemi de tous ».Le livre de Daniel Heller-Roazen est motivé par une hypothèse : le paradigme du pirate a pris aujourd'hui une importance considérable, extrême. Comment et pourquoi l' « ennemi de tous » est-il devenu une figure contemporaine cruciale Daniel Heller-Roazen est professeur de littérature comparée à l'Université de Princeton aux états-Unis. Il a publié, dans la même collection, écholalies. Essai sur l'oubli des langues (2007).
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Droit constitutionnel et institutions politiques 2022
Guillaume Tusseau
- Le Seuil
- Essais Seuil
- 28 Octobre 2021
- 9782021494297
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La nouvelle Asie centrale ; ou la fabrication des nations
Roy Olivier
- Le Seuil
- 7 Mars 1997
- 9782020287326
En 1991, lors du coup d'Etat néo-communiste contre Mikhaïl Gorbatchev et sa perestroïka, la plupart des dirigeants des républiques soviétiques musulmanes approuvent les putschistes.
Quelques jours plus tard, les mêmes proclament l'indépendance de leur pays. Aussitôt apparaissent de nouveaux drapeaux et de nouveaux slogans louant la patrie, l'indépendance et la nation. On lance des concours pour l'hymne national et le dessin des armoiries de l'Etat. Les partis communistes se transforment en partis du président. La langue nationale devient l'idiome officiel, même si on l'écorche. Les dirigeants, tous issus de la nomenklatura soviétique et encore à la solde de Moscou quelques mois auparavant, tiennent des discours nationalistes.
Comment donc se sont fabriquées ces nations ? Comment ont-elles pu surgir sans être portées par un nationalisme ancien et durable ? En réalité, comme le montre Olivier Roy, l'Union soviétique a été " une formidable machine à fabriquer des nations ". L'ouvrage reconstruit cette création improbable de nouvelles nations musulmanes en Asie centrale - Turkménistan, Ouzbékistan, Kirghizstan, Tadjikistan, Kazakhstan et Azerbaïdjan - après le communisme.
Un livre majeur, par les informations qu'il fournit et la réflexion qu'il propose sur une région géostratégique sensible entre toutes.