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NICOLAS VIEILLESCAZES
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Géographie de la domination ; capitalisme et production de l'espace
David Harvey
- Amsterdam
- 19 Octobre 2018
- 9782354801809
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Les Limites du capital, dont la première édition est parue en 1981, est le plus grand livre du géographe David Harvey et l'un des monuments de la théorie marxiste du siècle passé. Produit d'une dizaine d'années de recherches et de réflexions, cet ouvrage propose une reconstruction « historico-géographique » de l'analyse du capitalisme développée par Marx.
Reconstruction, et non commentaire, car l'objectif de l'auteur est double : d'une part, il met à l'épreuve la cohérence et la solidité des travaux économiques de Marx (principalement exposés dans Le Capital, mais aussi dans les manuscrits préparatoires à ce livre, tels les Grundrisse) ; d'autre part, il met particulièrement en relief certains aspects de la théorie marxienne, comme les notions de contradiction et de crise du capitalisme, et en propose des prolongements inédits, le plus marquant concernant la production capitaliste de l'espace : le capitalisme est un système socio- économique qui se développe et résout ses inévitables crises d'accumulation en créant et en détruisant des territoires. Harvey fait donc la part belle à l'examen de la rente foncière et des processus de financiarisation, en particulier du crédit.
Qu'on ne s'y trompe donc pas : Les Limites du capital construit une théorie générale du capitalisme. C'est pourquoi cet ouvrage presque quarantenaire, antérieur aux séismes financiers qui ont secoué les trois dernières décennies, n'a absolument pas vieilli.
Pas à pas, méticuleusement, il guide les lecteurs à travers les vertigineuses complexités d'un système capitaliste qui est plus que jamais le nôtre.
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Archéologies du futur ; le désir nommé utopie et autres sciences-fictions
Fredric Jameson
- Amsterdam
- Les Prairies Ordinaires
- 22 Octobre 2021
- 9782354802189
Depuis la fin des années 1970, l'idée de totalitarisme a agi comme un interdit d'imaginer un avenir collectif désirable. Mais aujourd'hui, le capitalisme mondialisé touche à sa fin, discrédité par les crises environnementale, sociale et sanitaire. Le moment semble venu de faire un retour vers le futur. C'est ce que propose cet ouvrage, à partir de l'utopie et de la science-fiction.
L'utopie est une forme littéraire, inventée par Thomas More en 1517, qui consiste à représenter une sorte d'enclave idéale, de monde séparé du monde. Mais il s'agit aussi, plus profondément, d'une aspiration au changement, d'un élan dont on retrouve la trace dans une multitude de textes ou de situations dépassant de loin le corpus des utopies positives.
Fredric Jameson n'entend pas proposer une utopie nouvelle, mais relancer l'imagination utopique en éprouvant ses possibilités et ses limites. Si l'utopie rompt absolument avec le présent, si elle pose ce qui succède à cette rupture comme étant radicalement différent de ce que nous connaissons, la différence radicale devient impensable. Toutefois elle peut aussi - comme le fait la science-fiction - transformer le présent, faire de lui un passé et se présenter comme un message venu du futur. Elle nous arrache alors au désespoir d'une situation apparemment immuable et nous fait respirer un « air venu d'autres planètes », dont nous avons le plus grand besoin.
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Représenter le capital propose une relecture élégante et sophistiquée du Capital pour notre temps où les crises du capitalisme financiarisé se succèdent à des intervalles toujours plus courts. La dernière en date, dont les effets se font encore sentir, n'a pas seulement suscité un regain d'intérêt pour le chef-d'oeuvre de Marx ; comme chaque mutation majeure du système capitaliste, elle l'a aussi transformé, en mettant l'accent sur le crédit et sur l'impérialisme ou l'accumulation initiale. Cette conjoncture appelait une interprétation nouvelle.
Comment penser le capitalisme en tant que totalité et substrat de notre existence ? Telle est la question que Marx se pose, inventant une interprétation mobile, dialectique, capable de reconstruire le développement du capital comme une série d'« énigmes » qui naissent les unes des autres. À commencer par celle-ci : comment se fait-il l'argent puisse engendrer de l'argent ? Cela nous amène à la naissance du capital proprement dit, mouvement par lequel l'argent se valorise lui-même. Le capitalisme n'est rien sans ce mouvement permanent, qui explique à la fois ses crises périodiques et sa résilience, puisqu'il résout ses contradictions en les projetant à un niveau spatio-temporel supérieur.
Au terme de sa reconstruction des dilemmes et des paradoxes du capitalisme, Jameson avance une thèse apparemment scandaleuse : si l'intelligence politique de Marx est incontestable, Le Capital n'est pas un livre politique.
C'est un ouvrage purement économique, qui démontre pourquoi le capitalisme produit nécessairement du chômage. Paradoxalement, c'est aussi cela qui fait sa force : il nous invite à nous situer du point de vue de la nature et de la structure du capital pour imaginer ce que pourrait être la vie dans un autre mode de production.
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Le livre montre comment cette notion a été (et continue à être) utilisée : d'un côté, les Anglais en Inde et les Français en Afrique qualifiaient de fanatiques irrationnels les indigènes qui avaient le mauvais goût de ne pas vouloir être colonisés. D'un autre côté, les théoriciens de la révolution, ceux de 1793 et de 1917, ont été qualifiés de fanatiques hyperrationnels, de fous furieux qui, au nom d'une raison supérieure, envoyaient les braves gens à la guillotine ou au goulag. Donc, les bons libéraux considèrent toujours que les fanatiques sont ceux qui ne sont pas d'accord avec eux et se conduisent en conséquence.
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Raymond Chandler ; les détections de la totalité
Fredric Jameson
- Amsterdam
- 22 Août 2014
- 9782350960913
Cette étude magistrale propose une interprétation « synoptique » de l'oeuvre de Raymond Chandler, en reconstruisant la situation littéraire et sociale dans laquelle elle s'inscrit et le monde ou la totalité qu'elle projette. Chandler, styliste et peintre de la vie américaine des années 1930, se fabrique une place unique dans la littérature, à cheval sur les pulps et la littérature moderniste. Los Angeles, cadre invariable de ses romans, constitue à la fois un « microcosme et une anticipation » de la vie du pays tout entier. Jameson livre une étude minutieuse de l'espace chandlérien, tout entier dominé par le vide, et de la structure particulière de L.A., univers fragmenté en une multitude d'univers privés qui ne sont rapprochés que par la trajectoire de l'enquêteur. Mais, à la grande exaspération de son lecteur, l'art de Chandler consiste à se détourner de l'histoire policière et à différer son dénouement par une accumulation d'intrigues secondaires en apparence gratuites. Intrigues principale et secondaires finissent toutefois par se confondre dans un motif omniprésent : la mort. C'est la mort, en effet, qui nous livre la clé de l'oeuvre de Chandler, et c'est en elle que va s'abolir l'ensemble du parcours qui a conduit à la résolution de l'énigme : « le présent se dissout au point de n'être plus guère qu'un instant poussiéreux, naguère vécu, qui ira bientôt rejoindre les cartons d'archives d'un journal ». Chandler fait du polar un roman de l'absurde.
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Ce nouveau livre de Richard Shusterman constitue la première exposition systématique de la «soma-esthétique», nouvelle discipline que l'auteur a commencé à développer depuis une dizaine d'années environ. Mais il ne s'agit pas seulement de défendre une philosophie du corps contre une tradition philosophique occidentale qui a pour l'essentiel rejeté et dénigré ce dernier. Il s'agit au contraire de se loger dans le coeur même de ces philosophies qui, au XXe siècle, ont accordé au corps une place centrale, afin d'en scruter les limites et de définir des stratégies nouvelles pour penser et vivre le corps.
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L'inconscient politique ; le récit comme acte socialement symbolique
Fredric Jameson
- Vrin
- 13 Février 2012
- 9782917131039
L'Inconscient politique. Le récit comme acte socialement symbolique, paru en 1981, peut être considéré comme le dernier monument de la théorie littéraire du XXe siècle. S'inspirant d'analyses marxistes, Fredric Jameson y explore la dimension narrative de la politique. De quelle manière, et pourquoi, la politique se fait-elle récit ? L'analyse littéraire de Jameson s'attache donc à restituer la nature cognitive et praxique des textes, montrant comment ce réel qu'ils appréhendent se dérobe sans cesse à eux.
Jameson entend montrer comment les textes individuels projettent par eux-mêmes un collectif humain, c'est-à-dire font oeuvre d'une priorité du politique.
Fredric Jameson est professeur à l'université de Duke en Caroline du Nord.
Nicolas Vieillescazes est traducteur, spécialiste d'esthétique et de théorie critique.
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Archéologies du futur ; le désir nommé utopie
Fredric Jameson
- Max Milo
- L'inconnu
- 25 Octobre 2007
- 9782353410200
Un événement éditorial : le marxiste américain le plus renommé, auteur d un essai devenu classique sur le Postmodernisme, est enfin traduit en France. Plusieurs traductions simultanées devraient permettre à cet auteur d arriver sur le devant de la scène en France, avec la même attente dont a bénéficié un Zlajov Zizek ces dernières années. Cet ouvrage majeur se situe à l intersection de la philosophie et de la politique. Son originalité est de traiter un thème qui revient en force chez tous les partis de gauche, l utopie, en prenant au sérieux les visions des grands auteurs de la science-fiction des dernières décennies : Philip K. Dick, Octavia Butler, Michael Swanwick, John Brunner, H.G. Wells, Ursula K. Le Guin ou Samuel R. Delany et William Gibson. Le livre jette un regard original sur les bases de la pensée utopique, de More à Marx, et sa force est d analyser les liens étranges entre l imagination et la politique. Sont éclairantes pour une pensée de l utopie la présence dans les romans de science-fiction de frontières nettes entre le bien et le mal, ainsi que le recours à une forme de magie et à la figure de l Autre (autre être vivant, autre monde).
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À l'occasion du centenaire de la révolution russe, le romancier China Miéville entreprend de raconter ce moment charnière de l'histoire du monde. En février 1917, la Russie était une monarchie autocratique et arriérée, enlisée dans la guerre ; au mois d'octobre, après deux révolutions, elle devient le premier État ouvrier du monde, à l'avant-garde d'une révolution globale. Comment ce bouleversement a-t-il pu s'accomplir ?
Adoptant une perspective panoramique, couvrant aussi bien les grandes villes, Saint-Pétersbourg et Moscou, que les petits villages les plus reculés du tentaculaire empire russe, Miéville nous plonge dans le tumulte des événements, dont il restitue admirablement la passion, le drame, la contingence et l'étrangeté.
Son livre a beau prendre position dans de vieux débats sur la révolution, il souhaite avant tout s'adresser aux néophytes, en rendant sensibles et présents ses enjeux. En effet, « cette révolution fut celle de la Russie, mais elle appartenait aussi, et continue d'appartenir à d'autres. Elle pourrait être nôtre. Si ses phrases restent inachevées, c'est à nous qu'il incombe de les finir. »